Le temps n’en faisant qu’à sa tête, me voilà en Thaïlande en train d’écrire sur mon séjour déjà vieux de deux semaines ! Bien entendu, je conserve précieusement mes notes afin de relire toutes ces impressions, et toutes ces découvertes un jour. Pour cette raison, et malgré la quantité de détails que j’aimerais partager, vous m’excuserez de faire l’impasse sur toute cette richesse, sinon il se peut que je finisse de parler du Myanmar quand je serai de retour en France…
Le rythme du tour au Myanmar m’a paru assez effréné, comparé à ce que j’avais vécu les dernières semaines au Mozambique. Je n’avais que deux semaines à passer dans ce magnifique pays, et le programme était chargé. Quoi qu'il en soit, j’ai réussi à trouver un peu de temps le soir souvent, pour me consacrer à mon blog, et enfin réussir à écrire. A plusieurs reprises donc, je me suis installée dans un salon d’hôtel, sur un toit pour prendre ces quelques heures à écrire au calme.
Voilà Sarah, équipée de son ordinateur, de son appareil photo pour télécharger les images, de son disque dur externe, de ses nombreux fils, de son sac à dos, de ses cahiers de notes, prête à partager ses riches journées avec ses lecteurs. Inspirée… Et finissant à papoter jusqu’à 4h du matin sans avoir rédigé une seule ligne, avec un hollandais à la barbe à couette, ou regarder les étoiles filantes avec un québécois, un Belge et un verre de porto, ou refaire le monde avec un marseillais joueur de pétanque, etc. Moments uniques. Alors bien sûr, ce genre de rencontre a un vrai goût de voyage. L’intensité de la rencontre éphémère associée au lâcher-prise. Oui, j’écrirai plus tard. Oui, je dormirai plus tard. Mais en aucun cas, je ne me sens en mesure dans ces moments-là de mettre la rencontre de côté pour une obligation quelconque. Ces rencontres-là, lorsque l’on sait les capter arrivent sans arrêt pendant un voyage !
Retour à la ville impériale, Mandalay. Après 2h de sommeil, nous nous levons à 4H pour prendre le bateau pour Bagan. Une bien longue journée sur le slow boat. Nous payons environ 100 fois plus cher que les locaux pour être assis sur des chaises en plastiques tandis que les familles emplissent le pont avec leurs monticules de courses. Je dors. Profite entre deux sommes du lever de soleil. Le bateau charge et décharge à chaque arrêt. Je suis infestée de piqûres de puces. J’observe les gens vivre sur le bateau. Nous passons la journée à dormir, observer, humer, papoter. Après 15 h, je commence à m’ennuyer. Je descends sur le pont inférieur et me trouve un petit boulot : j’équeute les épines d’un citrus quelconque avec deux femmes et un homme. Il y a un tas d’herbe et ils font ça assis par terre. Parfait pour moi. Je suis quelque peu dévisagée, ils rient. Je ressemble à une de leur connaissance dont ils me montrent la photo. Au moins, j’ai l’impression de me sentir un peu utile !
En route, Mireille fait la connaissance d’un couple italien avec lequel nous partageons le taxi pour trouver un hôtel. Nous atterrissons à l’Éden Motel à Bagan.
Bagan : la cité des temples.
Une journée d’exploration à vélo, sous le soleil. Certains se prennent un tuktuk, d’autres montent en calèche, les autonomes choisissent la mini moto électrique et les courageux le vélo. Tous les touristes sont là. Et l’on sent bien que l’ambiance est différente. Les petits vendeurs parlent toutes les langues, et l’arrêt devant un stand provoque des sollicitations de toutes sortes. Mais la balade à bicyclette est franchement agréable malgré la concentration de blancs. Non que je voudrais me trouver seule touriste dans un lieu touristique, mais la différence, c’est que ces lieux d’importance religieuse sont aussi envahis par des cars de pèlerins. Du coup, il y a une véritable mixité entre touriste et locaux.
Après avoir découvert que le Myanmar est le plus gros pays en matière de pierres précieuses, c'est-à-dire qu’il possède le sol le plus riche en tout type de minéraux, je découvre aussi que les laques proviennent d’un art local. A nouveau, tout est émerveillement. Je vois le travail de la laque, le temps nécessaire, l’application pour dessiner les motifs. Les 5, 6 14 ou 20 couches pour faire d’un bout de bambou une œuvre d’art. Appliquer une première couche, laisser sécher pendant une semaine, remettre une sous-couche, poncer, une couche de poudre d’os brûlé, graver les motifs à la main, mettre la première couleur, sécher, polir, deuxième couleur… Je me surprends encore à hésiter à acheter.
Je rentre avec le coucher de soleil dans le dos, en me concentrant sur les bords de routes tout plein de stupas et temples. Je pédale en me disant que je ne voudrais pas être ailleurs à un autre moment. J’aime cette sensation d’être en phase au bon moment. Nous retrouvons nos amis italiens pour l’apéro en terrasse sur le toit de l’hôtel.
Au diner, je découvre la salade de tomates birmane ! Ou comment tomber en amour avec un plat ! Tomates rouges ou vertes, oignons, agrémentés de graines de sésame et de cacahuètes avec une sauce délicieuse. J’en mangerai ensuite tous les jours pendant mon voyage !
Le lendemain, nous avons prévu d’aller au Mont Popa avec les Italiens. Nous partageons le taxi. Une fois sortie de la ville, c’est la campagne luxuriante. Aucun village pendant des km. Notre chauffeur nous arrête sur le bord de la route pour découvrir la fabrication artisanale de l’alcool de palme… Et le goûter à 10H du matin ! Le vendeur me regarde en disant : Saké, saké, puis Soju !!! Oui, j’ai compris, non seulement il sait que je suis de quelque part là-bas, mais en plus, j’ai une tête d’alcoolique, c’est ça ?
Après avoir traversé quelques villages sans touristes, nous arrivons au pied du Duck et gravissons les 777 marches sans accroc. Des enfants dès 1an montent les marches aidés de leur parent, des vieux font le chemin à leur rythme, des grands, des petits, des gros, des riches et des pauvres, des touristes et des fidèles. Le tout sous l’agitation des babouins. On les dit agressifs, je les trouve indifférents. Cette situation me fait penser à mes cours de plongée : l’animal n’est pas méchant si on ne le cherche pas. Il y a les laveurs de sol qui demandent un don. Il y a les moines. Il y a les vendeurs. Et toujours ces inscriptions sur les bancs qui jonchent le chemin. J’aurais bien aimé savoir ce qu’il y a d’écrit. Il me semble que ce sont les noms des donateurs. Ici, un donateur a droit à sa plaque avec son nom. « Francis, et Huguette, Toulon, France, 10000 kyats »( 8 euros) MDR !
Nous allons ensuite manger dans un restaurant local. La grand-mère de la maison, sans âge et sans dent tète une choupa choups assise face à la rue, tandis que sa petite-fille vient lui parler avant de prendre notre commande. Jani se fait taxer son briquet par un moine qui regarde les feux de l’amour local.
Nous négocions avec notre chauffeur l’escale au Mont Popa resort. De l’autre côté du duck, nous gagnons le flanc de montagne et prenons un café de luxe avec un paysage superbe et la vue sur le fameux duck ! Bien plus beau d’en face !
Au retour, je récupère mes sandales (de Concarneau) en cuir dont j’ai fait réparer la lanière pour 80 centimes ! Puis, nous allons profiter du coucher de soleil sur la terrasse en bord de rivière. Encore un beau moment, infesté de moustiques !
Une journée off pour moi. Je marche, j’erre. Mireille a repris un vélo, mais je me sentais plutôt d’humeur marcheuse. Je vais à la poste : j’ai l’impression que l’on m’a fait passer avant tout le monde, je suis un peu gênée. C’est peut-être ça : « warmly welcome the tourist » ? Je me mets ensuite en quête d’un lieu pour manger. Tous les voyageurs le savent, le monde des voyageurs est tout petit. Au restaurant où je m’arrête, je tombe sur Charleshan, le hollandais à la barbe à couette.
Départ de nuit : nous attendons l’autocar devant l’hôtel. Nous avons des places numérotées. Ce n’est pas le cas des deux Américains qui se retrouvent sur des chaises en plastique dans le couloir central pour le même prix que nous ! Ce n’est pas tout à fait comme l’Afrique de ce point de vue… Ce serait plutôt pire pour une fois ! Après la pause diner dans le routier local, où un chinois veut absolument nous prendre en photo, nous entamons la route, avec pour divertissement les clips en Thaï ou birmans.
A 2h du matin : « Kalaw ! Kalaw ! » Suis réveillée en sursaut, heureusement que Mireille a compris que nous étions arrivées ! Dans un demi-sommeil, j’embarque mon sac et descends dans la nuit et le froid de la montagne dans une rue déserte. Un indien enturbanné nous saute dessus. Comme s’il avait de la concurrence. Il est seul sur le trottoir à attendre le potentiel client et faire du rabattage. Nous lui demandons d’attendre, il insiste et insiste. Nous sollicite pour nous demander où nous allons. Nous ne répondons pas, il m’agace. Il finit par dire que nous sommes mal élevées et qu’il n’a jamais vu ça ! C’est bien la première fois que j’ai envie d’insulter quelqu’un depuis que je voyage ! Nous frappons à une porte à 2h du matin et trouvons un nid douillet avec eau chaude du premier coup !
Kalaw : ma ville préférée sans doute. Un petit coin de montagne paisible. Le début de notre randonnée expédition sous la pluie. La nuit chez l’habitant.
L’arrivée au lac Inlé, le séjour sous la pluie à Nyaung Shwe, le festival des ballons, le massage torture birman, l’hôtel des 4 sœurs, l’invitation au thé dans la rue, la dernière nuit dans le bus et le retour à Yangon… Et tant d’autres détails, d’autres émotions, d’autres rencontres !
Tout ça peut-être plus tard !