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  • : Voyages et escapades de Sag La Tortue
  • : Carnet de voyage: tour du monde 2013-2014, tour de Bretagne à vélo, randonnées...
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Tour du monde 2013-2014 et autres voyages

 

2014-09-28 16.53.17

 

 

Tour de Bretagne à vélo -juin 2014

Tour du massif des Ecrins en rando -juillet 2014

Rando dans la Vanoise - août 2014

Rando dans le massif du Pilat - août 2014

Rando dans le Morvan - septembre 2014

 

 

My round the World TourJuly 2013- April 2014

Through

Southern Africa: South Africa, Namibia, Botswana, Zambia, Zimbabwe, Mozambique

Abu Dhabi, Dubai

South East Asia: Thailand, Burma, Cambodia, Malaisia, Singapore, Indonesia

Korea and Japan

North America: USA: New Hampshire, Boston, NYC!

 

 


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Introduction

29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 06:13

 

Parce que je suis toujours pliée de rire en la revoyant, cette vidéo des enfants au bord du Mekong qui répètent consciencieusement les mots français...

 

http://www.youtube.com/watch?v=Kwh3TRM2BQc&feature=youtu.be

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25 janvier 2014 6 25 /01 /janvier /2014 18:29

 

Quitter Phnom Penh. Mais comment faire sans carte, sans que les habitants eux-mêmes sachent dans quelle direction nous allons et sans que les panneaux nous donnent plus que le nom des rues ? Nous sommes bons pour perdre 10 km à tourner en rond avant de trouver la route de l’aéroport et du sud. En route pour Sihanoukville, voir un peu la mer !

Pas besoin de faire des courses, nous avons prévu nos stocks de spaghettis et de sauces en ville. Reste à trouver le site. Ce soir, je ne suis pas inspirée. Nous tournons et finissons pas trouver un coin de forêt au bout d’un temple. En plein apéro, les moines nous invitent avec insistance à nous installer dans le temple et faire usage de leur feu pour cuisiner. Nous répondons à leur hospitalité. Tandis que je commence à cuisiner, François s’écarte, car il attend un appel téléphonique important.

Pendant que je m’affaire, un homme en chemise blanche vient me voir et me demande mon passeport. Étonnée, je lui demande pourquoi, et je lui dis que je ne remets pas mon passeport, d’autant plus que je ne l’ai pas avec moi. Il me demande alors de noter nos noms sur un papier. Il revient en me faisant comprendre dans un anglais plus que moyen qu’il faut que nous allions à la police. Je lui dis que non, et je veux voir un policier en uniforme avec sa carte professionnelle pour en parler. Tout se passe avec le sourire et en toute politesse.

Soudain, j’entends au loin des voix s’élever et un poing cogner sur une table. François me rejoint au coin « cuisine » et m’explique qu’il y a un type en treillis, se prétendant policier et très excité qui veut nous conduire au poste de police. La situation est tendue, car le flic est imprévisible et impulsif. Le type vient me voir, et commence à monter le ton, je calme le jeu en lui demandant avec un joli sourire s’il peut me laisser cuisiner et manger, car j’ai fait beaucoup de vélo et j’ai très faim. Avec moi, il se radoucit, il en veut visiblement plus à François. Pas de chance ce soir pour François, après son appel téléphonique, il va devoir aller dormir au poste ! Pas la soirée idéale quoi !

L’espèce de flic en treillis, ainsi qu’un autre en blouson patientent pendant que nous dinons très, très lentement à dessein. Puis, je commence à ranger mes affaires. Aucune garantie qu’ils sont policiers, aucune garantie qu’ils nous emmènent vraiment au poste de police. Et puis, l’excité, il me répète d’un peu trop près à mon goût qu’il va prendre soin de moi ! Je ne me sens pas rassurée. Tout à coup, je me dis que peut-être, il peut arriver quelque chose. Ce type est imprévisible, il joue avec son gun, le charge, le décharge entre deux sautes d’humeur et me dit qu’il va bien s’occuper de moi et nous amène sur une route perdue dans la nuit… Du coup, je vais aux toilettes pour envoyer un message à Ludivine, une Française vivant à Phnom Penh qui va nous soutenir par téléphone interposé, mais qui me permettra de me rassurer tout au long de la soirée.

Tant bien que mal, nous arrivons au poste où quatre policiers éméchés nous accueillent plutôt gaiement. Le fou à la gâchette sensible se tire et toute la tension retombe. Avec le recul, je réalise que ce sentiment d’insécurité était créé par un seul type ingérable. La soirée se finit bien, d’autant que les policiers nous cèdent tout le poste de police pour dormir tandis qu’ils finissent de s’enivrer dehors ! Le lendemain, nous sommes réveillés par les appels des policiers qui souhaitent faire usage de la grande salle pour une sorte de tribunal, d’après ce que je comprends. Je passe donc avec mon vélo dans une salle de police où se tient une espèce d’interrogatoire avec jugement… Étonnant voyage toujours et encore. Et cette fois, pressée de partir !

Journée longue, sans vraiment profiter du paysage ou de la route. Je suis fatiguée, j’ai peu dormi, le poste de police n’étant pas mon lieu de prédilection pour passer d’excellentes nuits. Je suis enrhumée, je crache jaune. C’est un peu une journée vide : vide de souvenirs, vide de rencontre, vide de photo, vide de vraies émotions. Je me force à rouler jusqu’à Chuuk où je prie François, pour la première fois depuis un mois de voyage commun, d’aller passer la nuit en guesthouse. C’est que je sens que je suis fatiguée, et je pense que probablement, j’ai le contre coup du stress de la veille. Une nuit en hôtel ne sera pas un luxe pour une fois.

Rien de spécial, si ce n’est que j’y fais réparer mon porte-bagage. Pas de soudure possible, comme je le pensais, c’est de l’alu. Alors, le gars me fait un ficelage avec des tiges de métal gratos, et depuis, ça tient !

Je pars, mais je sens bien que je ne tiens pas la grande forme malgré une bonne nuit de sommeil, je traine un rhume qui m’épuise. Je dis à François en démarrant que mon rêve du jour, ce serait d’avoir un grand jus de fruit frais plein de vitamines. Comme parfois, la vie est bien faite, à peine une demi-heure plus tard, nous nous arrêtons devant une échoppe où la bonne femme me prépare un énorme milk shake ananas !

Nous rejoignons Kampot en tout début d’après-midi, et nous pensions aller camper un peu plus loin derrière. Probablement, mon état de fatigue doit se voir, car cette fois, c’est François qui me propose de s’arrêter dans cette ville pour que je me repose. En toute honnêteté, j’étais prête à continuer à rouler encore l’après-midi, mais devant son insistance, je me dis que c’est peut-être plus raisonnable (ça y est oui, je l’ai dit !).

Au réveil, je ne peux pas dire que je me sente mieux malgré de longues heures de sommeil, ma gorge est inflammée, j’ai des pics de fièvre et j’ai une piqûre de moustique ou de bestiole quelconque sous le bras gauche qui me fait mal et qui commence à devenir un peu purulente. Ajoutés à cela quelques problèmes digestifs et je dirais que, finalement, je suis contente de garder le lit toute la journée.

Il parait que je suis têtue et pas très raisonnable… Il nous reste deux jours de visa au Cambodge et 250 km à parcourir avant la frontière. « Mais si, bien sûr François, on va y aller en vélo ! On ne va quand même pas prendre un bus ! JE préfère y aller à vélo moi ! Je peux le faire ! » Oui, avec une pharyngite et de la fièvre ! François décide que nous partons en bus pour la frontière avec les vélos sur le toit, de façon à ce que je puisse me reposer encore pendant le transport. Ça m’emmerde ! J’ai l’impression d’empêcher le cycliste de faire du vélo et l’infirmière à se faire soigner… C’est le monde à l’envers ! Mais quand j’ai vu les collines à traverser, j’ai compris que c’était un bon choix au final. Et je ne verrai jamais Sihanoukville…

Milieu d’après-midi, la frontière est proche. J’achète une crème antibiotique pour appliquer sur mon abcès douloureux et du doliprane que j’ai englouti en deux jours. Nous traversons un pont avant d’arriver au poste frontière. Toujours cette sensation bizarre de laisser un peu de moi dans chaque pays en échange de tout ce que l’aventure dans le pays m’a apporté ! Un peu comme quand on dit au revoir à un ami pour longtemps, mais qu’on n’oubliera pas ce qu’on a vécu ensemble.

Le Cambodge est mon premier pays, et sera peut-être le seul que j’ai parcouru tout entier (ou presque) à vélo. J’ai découvert un nouveau regard sur la route, une nouvelle manière d’aborder les gens et d’être observée par les gens. Je ne suis plus seulement « very strong » parce que je voyage seule, ou parce que je fais un tour du monde, mais aussi parce que je passe 5h par jour à pédaler, à charger mes sacs (d'ailleurs, François m’appelle la camionneuse quand je lui dis que je vais charger mon vélo), à soulever mon vélo ou à regonfler mes pneus. J’ai découvert un autre rythme dans mon voyage et une autre sorte de liberté, ainsi que le campement sauvage !

Je sors du Cambodge le cœur léger et rempli de souvenirs.

Un petit aperçu avec la vidéo, sur laquelle pour pourrez constater que je ne pouvais déjà plus m’appuyer sur mon bras gauche, trop douloureux :

http://youtu.be/vj6mOCX-JAk

 

Bye Bye Cambodia

 

 

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25 janvier 2014 6 25 /01 /janvier /2014 18:10

Partir en voyage, pour moi, c’était partir à l’aventure, c’était vivre des expériences uniques. Eh bien, je peux affirmer que de ce point de vue, je suis gâtée. À chacun sa manière de vivre son voyage et d’aller parfois à la rencontre d’écoliers, de travailleurs locaux, de bénévoles, ou de prendre du bon temps sur les belles plages du monde, ou encore de visiter les sites historico-culturels incontournables du guide GEO ou du Lonely planet (que j’ai lus, bien entendu)! C’est sans prétention que mon chemin personnel m’a conduite à pouvoir toucher un peu de chacun de ces aspects et tellement plus encore.

 

 

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Tortue face au Mékong


Si prévoyante et prévisible dans mon quotidien parisien, j’éprouve une profonde liberté et un immense bonheur depuis le début de ce mini tour du monde. Je dis « mini », car quand je regarde le globe terrestre que François m’a offert, mon itinéraire parait si petit, et pourtant, le chemin parcouru dans ma vie me parait si long. Tant de choses, d’imprévus et de changements de situation…


La suite du séjour au Cambodge en est encore un bel exemple.


Retour à Kratié.


La tortue veut voir les dauphins ! Alors, en ce jour de petite forme, nous partons en direction du village, où, potentiellement nous pouvons observer les fameux dauphins du Mékong. Nous passons trois fois devant l’embarcadère et parcourons environ 13 km de trop pour trouver le site à touristes du coin. C’est le fameux jour de mon dérapage de pro ! Où j’ai failli me péter le genou ni vu ni connu sous les yeux de François. Nous partons en balade sur le Mékong, le soleil, de son rouge intense de fin d’après-midi se reflète sur la surface métallique du fleuve et nous offre la chance d’observer des dauphins de l'Irrawaddy.

 

 

 

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Le conducteur du la pirogue

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Une heure d'observation des dauphins sur le Mékong


Sur la route, François, qui possède un radar intégré de repérage de cyclistes, s’arrête lorsqu’il voit deux vélos sur le bord de la route. Nico et Marie sont partis de France pour un tour du monde d’un an. Nous les retrouverons pour passer la soirée entre voyageurs. Nous retrouverons aussi Alexis, Laetitia, et leurs deux enfants de 10 et 12 ans qui ont quitté la Bourgogne pour 5 mois, en famille pour un périple autour du monde. Une sympathique équipée, des enfants autonomes, des parents enthousiastes, la belle vie de voyageurs quoi ! Encore des personnes dont le voyage me confirme que, lorsque l’on veut partir au bout du monde, que ce soit à un, à deux, à trois ou plus, c’est possible ! Et en prime, c’est du bonheur pour tout le monde !

Nous quittons Kratié en pleine chaleur, à 14h en direction de Phnom Penh. Les routes authentiques nous appellent et nous décidons de prendre un vieux ferry pour traverser le Mékong et rejoindre cette piste peu fréquentée qui longe le fleuve. Je suis encore dévisagée sur ce bateau rouillé par ces hommes qui découvrent une asiatique en cuissard. Puis, lorsque nous demandons la direction à prendre, les gens nous disent de retourner sur l’autre rive ! Nous ne voulons pas prendre la nationale ! Nous irons par les petits chemins terreux, pierreux, poussiéreux que nous préférons à l’asphalte. L’après-midi, nous passons dans ces villages aux maisons surélevées, aux habitants souriants, aux enfants joyeux, aux zébus errants, aux rizières verdoyantes.

 

 

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Humidification de tête de François au milieu des femmes qui font leur toilette

 


Un gamin pisse sur le bord de la route avec son frère sur les épaules. Une femme allaite son bébé sur le scooter. Un chien pisse sur mon vélo. Le courant du Mékong nous accompagne tout le long de notre route.

 

 

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 A 17h, la route est magique

 

Il va être 17h30, c’est le moment de la journée que je préfère. L’air s’est rafraichi, la lumière se fait plus blanche, plus intense mais aussi plus douce, comme dans un rêve, la fumée des foyers se répand sur la route, le rouge ocre de la terre ressort. Dans cet univers, je pédale, la fatigue de la journée s’estompe, les courses pour le soir sont faites, il reste à trouver le lieu de campement, mais cela n’a pas d’importance, je ressens très fort cette liberté. Au fond, ce décor pourrait se retrouver un peu partout, mais je suis juste là : au bout du monde.

 

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Coucher de soleil devant un temple avec la vie des rizières au second plan


J’en ai eu de beaux bivouacs, mais je crois que celui que trouve François ce soir-là, derrière les bambous, restera l’un des plus extraordinaires pour moi. À une cinquantaine de mètres de la route, une petite clairière entourée de bambous et d’arbres au nom inconnu borde le fleuve. Pas de passage d’homme, le fleuve pour moi, le feu rapidement lancé, la tente montée, la lumière du jour qui s’éteint, le plaisir de ces moments uniques dans des lieux uniques. Il me manquerait juste une petite guitare pour m’accompagner au chant.

 

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Un p'tit coin d'paradis au bout du monde


Le matin, en sortant de ma tente, vision paradisiaque sur le soleil levant sur le Mékong. C’est bon d’être égoïste dans sa bulle de voyageur. Mon p’tit coin de forêt m’appartient jusqu’à la fin du bivouac ! Sans état d’âme, je ris, je profite de la douceur du feu au réveil et de la superbe vue sur le fleuve avec ses rares embarcations.

Il faut quand même lever le camp. François répare « à vue de nez »( !) ma chambre à air. Je n’avais jamais vu faire, mais cette technique permet de trouver le trou de crevaison (eh oui, encore !) sans eau (c’est pas comme si on était à côté d’une rivière !).

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Réparation de chambre à air


Toujours la piste. Une superbe piste. Nous traversons ces villages remplis de gamins défroqués nous interpelant de « hello ». Nous faisons une pause déjeuner à un débarcadère de ferry. Là, dans un nuage de poussière embarquent des semi-remorques ultras chargés. À se demander comment le bateau croulant ne coule pas… Nous avons aussi la chance de pouvoir suivre notre série cambodgienne favorite ! Dans tous les bouibouis, bars ou restaurants ayant une télé, une radio ou un lecteur de DVD, nous avons eu droit à notre épisode du soap favori national ! Voix féminines suraigües, visages expressifs, décalage des voix, une bonne occasion de se marrer !

La traversée des villages se poursuit. À croire qu’il n’y a plus un seul espace pour s’arrêter faire pipi tranquille ! Parfois, nous nous éloignons du fleuve et passons dans les champs, parfois, nous nous arrêtons pour un coca. Jamais je n’ai bu autant de coca de ma vie ! Je ne pensais pas en être capable, mais ça change de l’eau filtrée chaude de la gourde ! C’est la saison des mariages, il ne se passe pas une journée sans que nous ne traversions un mariage. Je dis traverser le mariage, car le mariage bloque la rue, c'est-à-dire que la rue est parfois même fermée à la circulation des véhicules pour pouvoir installer tables, sièges et banquets sous la tonnelle en plein milieu de la chaussée ! Je me demande s’il faut une autorisation préfectorale ?

 

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De la piste, de la poussière, de l'aventure


La journée se poursuit au gré des photos et des cigarettes. Le soir, lorsqu’il n’y a pas de spaghettis au programme, l’objectif de 17h est de trouver du riz cuisiné que nous réchauffons ensuite au feu de bois. Parfois, la recherche est simple, certains soirs, la quête se révèle interminable. Ce soir-là, nous avons dû parcourir 10 km pour trouver du riz ! Nous bivouaquons non loin du village sous le regard discret de quelques habitants. L’un d’eux se permet de héler François pour lui signaler qu’il a brûlé une planche de leur chantier… Oups !

 

 

 

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Un nouveau jardin pour la nuit au bord du Mékong


Route pour Kampong Cham. Tout à coup, après avoir zigzagué dans les collines cambodgiennes, je tombe nez à nez avec une côte. Une vraie bonne côte. Un truc où je dois lever mes fesses, crisper mes dents, utiliser le fond de mes poumons et les tuyaux encrassés de mes bronches. Une route où, pour la première fois, je passe le petit plateau, je sens mes cuisses s’enflammer et mon cœur tambouriner ! Ah, je me confirme que j’ai bien fait de choisir un pays plat pour faire du vélo ! Mais enfin, je gagne de haute lutte le sommet de cette route (au moins 100 mètres) !

 

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Quelle cote! M'en sort avec les honneurs, je ne me suis arrêtée que tout en bas pour arriver à passer le petit plateau (oui, je sais, normalement, il n'y a pas besoin de s'arrêter)

 

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Et sur la colline, champs d'arbres de culture (pas du cahoutchouc mais en tout cas, on récupère la sève sur des km carrés!)

 

Arrivés là, mes pneus fatigués qui ont parcouru vaillamment plus de près de 1000 km menacent de péter. Lors d’un stop, François demande une réparation de fortune : le mécano fait alors un beau bandage à la hernie de mon pneu arrière. Sauf qu’en repartant, je teste le freinage, le bandage bloque les roues, je pile, François m’évite de justesse en perdant une sacoche et l’équilibre. Je n’ai plus de frein, mais je suis morte de rire ! Au vu de l’état de mon équipement, François juge préférable de rejoindre le prochain village à bord d’un pick-up. Facile : il suffit de lever la main, le premier s’arrête et nous embarque avec nos fidèles bicyclettes. Bien entendu, la route redescend!!!! Et moi, je fais ça à bord d’une bagnole alors que je me suis tapé la montée ! Il le fait exprès pour m’énerver le François ou bien ? En tout état de cause, il était éminemment plus prudent de le faire avec un véhicule équipé d’un bon système d’arrêt ! Quoique de toute façon, il parait que je ne sais pas freiner !

 

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La maladie de mon pneu arrière, quand je roule sur le plat, ça me fait sauter! Mais bon, il n'y a pas beaucoup de route plate!

 

 

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Pick-up de sécurité pour descendre la colline!

 

Stung Trang

Je décharge mon vélo, et là, il a dû se sentir soulagé, savoir qu'il mettait le pneu chez le garagiste et relâcher la pression : pccchhhhhhiiiiiiiiiiitttt ! J’entends haut et fort le pneu se vider tranquillement et finir de mourir chez le garagiste ! « La totale monsieur s’il vous plait ! » : répération de la chambre à air, nouveaux pneus hyper neufs et hyper résistants, j’ai encore 200 bornes à faire moi ! Et pause déjeuner ! Je récupère la bête comme neuve. Le gars relève et ressert la selle qui ne cessait de redescendre, il tourne quelques rayons, vérifie mes freins, ressert le porte-bagage, et c’est reparti. Enfin, pas parti bien loin ! Nous étions supposés dépasser Kampong Cham, et finalement, longer avec langueur le Mékong nous ralentit suffisamment pour que nous y passions la nuit.

 

 

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Faire quelques courses de légumes pour agrémenter le diner


À 3 km de l’arrivée, une femme nous interpelle alors que nous achetons des bouteilles d’eau. Elle nous offre un coca et un siège pour parler un moment. Je lui raconte notre épopée, je lui parle du voyage à vélo. François semble invisible. Une vieille femme s’approche, me touche les mains, les bras, le visage, les jambes. Elle me montre sa peau et ma peau. Oui, je sais, je suis sale. Non, ce n’est pas cela. La jeune femme me traduit : « beautiful », tient , ça faisait longtemps ! Et la vieille de me fixer comme une apparition pendant toute la conversation. La jeune femme parle un anglais correct. Elle me regarde et me propose à plusieurs reprises de prendre une douche ! Puis, elle dit que je suis « very strong » et François me dit de lui péter la gueule ! (Mdr)

 

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Des fans

La route après Kampong Cham est une piste en travaux pleine de poussière et peu agréable. Encore beaucoup, beaucoup de mariages, des bleus, des roses, toujours au son des amplis lançant ces mêmes chants de mariage. Avec étonnement, je note l’apparition des mosquées et des femmes voilées qui, jusque-là, n’étaient pas entrées dans le paysage. Cette journée est embellie par une jolie rencontre. À la sortie des classes, je m’arrête : les bonbons me font envie. S’avance alors un homme, 70 ans, ancien instituteur, parlant un bon français, nous racontant sa venue en France à la fin des années 60, prenant François par le bras pour lui montrer l’école. Une belle image.

 

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Encore un viel instit parlant français

Dans notre camp après Kampong Cham, nous aurons à nouveau un air de bout du monde, mais agrémenté de la compagnie agitée des enfants du village. Curieux et joyeux, ils nous cernent toute la soirée. Mais ce sont aussi eux, les gamins qui apportent une grosse poignée d’herbes et de branchages et allument le feu avec rien ! Puis ils dansent et sautent autour du feu comme tous les enfants du monde qui s’amusent et à qui on ne fait pas la leçon qu’ils risquent de tomber dedans. Bien sûr qu’ils se brûlent, et puis, ils filent tremper leurs petits culs dans le Mékong et reviennent, et recommencent, et grimpent dans les arbres ! Même des adultes passent, nous nous faisons même inviter dans une maison, car il parait que c’est dangereux, il y a des brigands.

 

Lorsque j’y pense, j’imagine maman rencontrant des campeurs étrangers en forêt d’Ermenonville et leur expliquant que c’est potentiellement dangereux. Ces habitants, je l’imagine, sont dans la même situation. Ils nous mettent en garde. Oui, que les brigands viennent, et qu’ils volent, ils n’emporteront pas mon paradis !

 

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Au matin, Ô bonheur, aucun brigand n’est venu me couper la tête ! Je fais la grasse matinée. J’entends François essayer de faire chauffer l’eau de son café tout en essayant de tenir à distance les enfants qui sont venus au spectacle dès leur réveil ! Mais ça court, ça crie, ça joue partout ! Je finis par me lever, et telle blanche neige, tous les petits nains se tiennent au calme et m’observent. Je les envoie me remplir mes bouteilles d’eau, puis ils s’affairent à m’aider à faire le feu, ensuite j’essaie de prononcer avec eux des mots cambodgiens et leur montre les photos du Lonely Planet. Enfin, clou du spectacle, je fais un brin de toilette avec l’eau qu’ils ont rapportée. En effet, comme il ne reste qu’un ou deux jours avant d’atteindre Phnom Penh, François n’a pas jugé utile les lingettes… Hum, vu nos conditions de route, très mauvaise idée sur ce coup-là ! Mais comme je peux me laver, je suis contente ! J’emploie même un môme pour me tenir la bouteille d’eau et me laver les mains ! J’ai de l’eau courante ! Blanche Neige vit bien dans un château au bord du Mékong ! Des pêcheurs s’arrêtent avec leur bouée à l’épaule, ils remontent le fleuve, s’assoient dans la bouée géante et se laissent entrainer par le courant avec le filet. 

 

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Nous partons, la journée va être longue. Il fait déjà chaud, la route est assez mauvaise, surtout très en travaux, riche en poussière et en cailloux, ma préférée. Je roule sans envie : trop de camions, trop de chaleur, trop de poussière, trop de trous dans cette route, trop envie de pisser. Nous faisons une longue pause dans un restaurant du bord de route en construction depuis 2 ans. Le patron est content de nous rencontrer, il a ouvert il y a deux semaines et nous sommes ses premiers touristes !

 

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Notre restaurateur, aussi DRH dans une école privée à Phnom Penh le reste du temps.

Très bonne cuisine chez Kim Thakou restaurant, à Prek Dambang village

 

À ce moment-là, nous ne sommes plus qu’à 35 km de la capitale ! J’ai l’impression de rouler au ralenti sur mon vélo, mais en réalité, mes nouveaux pneus sont une révélation depuis 2 jours, je trace, je découvre que je peux pédaler des heures sur le grand plateau sans avoir mal aux genoux. Je me dis que j’aurais dû les changer dès le début ! J’aurais bien moins galéré dans ces foutues pistes ! J’aurais moins crevé ! Même François trouve que je roule trop vite !

 

Nous entrons dans la capitale avec le soleil couchant sur notre droite, nous roulons à toute allure pour notre dernière étape commune, traversons le grand pont japonais, survivons au rond-point, faisons un coucou à l’ambassade de France et trouvons une guesthouse pour poser nos sacs juste à côté de l’institut Pasteur !

 

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Le marché de Phnom Penh


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Sortie incognito de l'hôtel!


Phnom Penh reste un mystère pour moi. Capitale aux allures de ville de province pour la Thaïlande par exemple. Je la trouve préservée en bâtiments, en revanche, la densité de circulation est très impressionnante et je ne suis pas rassurée de rouler là-dedans. On sent que cette ville aspire au changement. Tout se prépare : de grandes zones vides sont en train d’être construites à grande vitesse, le Lonely doit être obsolète tous les 6 mois au rythme où poussent les ponts et les routes. Nous passons devant le théâtre, je ne sais même pas s’il est déjà ouvert. Fini les temples pour moi, je me contente de passer devant. Pas envie de m’enfermer dans un musée après avoir traversé les grands espaces. Pas très motivée non plus pour me joindre aux restaurants de blancs qui longent le fleuve Tonlé. Alors, après un rapide tour au marché, un petit coup d’œil pour les pierres précieuses quand même, incontournable après mon expérience birmane !, je rentre à l’hôtel réfléchir à la suite de mon voyage.

 

 

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Phnom Penh en construction

 

Eh oui, l’après Phnom Penh ! J’hésite ! La vie de voyageur étant bien compliquée, mon premier choix se porte sur le Vietnam et le Laos. J’envisage aussi éventuellement d’aller uniquement au Laos pour ensuite rejoindre la Thaïlande et passer 2 ou 3 semaines à faire du bénévolat. J’ai repéré des associations qui aident les enfants réfugiés birmans à leur donner une scolarité et une autre qui s’occupe des tortues. Je me verrais bien aussi quelques jours à Bali pourquoi pas ! J’ai un mois et demi de libre avant mon prochain rendez-vous du bout du monde ! Il me faut du challenge… Alors, surprise, je me dis que je me tenterais bien une petite expérience à vélo en solo. J’opte sans certitude pour descendre à Sihanoukville à vélo avant la fin de mon visa cambodgien, et de là, faire mon visa pour le Vietnam, profiter quelques jours de la plage et vendre mon vélo !

 

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Quand Sarah joue à Mac Guyver: ai mis mon lacet sur la chaussure de François qui a craqué le sien; du coup, fabrication de lacet de secours avec ma corde de 20 mètres. Usage du couteau Suisse! Fonte de l'extrémité au briquet! Quelle inventivité!

Lacets dépareillés. Bon, j'ai eu la flemme de me faire un 2ème de la même couleur, et d'ailleurs, mon lacet, il tient très bien

 

J’en suis à peu près rendue là, lorsque François m’annonce qu’il a changé un peu son itinéraire et me propose d’aller avec lui en Malaisie à vélo en passant par Sihanoukville ! On aurait donc pris la même route à vélo chacun de son côté en descendant à Sihanoukville ! Vive les coïncidences ! Il me faut un temps de réflexion. Continuer à vélo ? Aller en Malaisie ? Et le Laos ? Et le Vietnam ? Et le bénévolat ? Les orphelins birmans et la baie d’Halong attendront, une proposition de voyage, ça ne se refuse pas. Pour le moment, je n’ai pas regretté d’avoir fait 1300 km, et j’aime de plus en plus mon vélo ! Alors, vendu !


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Pause clope devant un si beau coucher de soleil, on ne s'en lasse pas!

 

 

« Y a que les routes qui sont belles, et peu importe où elles nous mènent » JJG

 


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24 janvier 2014 5 24 /01 /janvier /2014 01:07

en attendant

 

http://animateurssansfrontieres.centres-sociaux.fr/2014/01/23/quand-limprevu-sinvite-au-deja-non-prevu-de-phnom-penh-cambodge-a-trat-thailande/

 

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7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 04:56

En mode rapide:

 

Ici, on ne fête pas le nouvel an.

Nous pensions arriver en ville pour retrouver un lieu un peu animé afin de trinquer pour la nouvelle année avec d'autres farang, et rien. A 23h , plus rien. Nous trouvons à manger une soupe dans la rue et nous souhaitons sans autre formalité une bonne année à 0H20.

Aurais-je eu besoin de plus? Une énorme soirée? De la musique de fou? Des dizaines de blancs?

Non, cela fait des mois que mes jours et mes soirées et parfois mes nuits me paraissent extraordinaires, alors je n'ai pas cette envie. J'en suis presque à désirer me retrouver en fôret plutôt qu'en ville.

Nous restons 2 jours: lessive, lavage de la monture, écriture de blog, recharger les batteries (au propre et au figuré).

Puis, route vers le Sud!

Enfin, le vent de côté!!!

Mais la chaleur est plus intense.

Comme d'habitude, lorsque nous quittons une ville, nous partons aux aurores, afin qu'il fasse plus frais et de faire plus de route: 13H: départ de l'hôtel! On crève de chaud, on se trompe de route.

Aujourd'hui, François a des problèmes de vis avec son porte bagages. Nous campons à O pong Moan, dans une petite usine à transformer l'igname séché. Le bois est déjà coupé. Qu'est-ce qu'ils sont organisés ces Cambogiens, ils nous prévoient même le bois et la place pour notre bivouac partout où nous nous arrêtons!

Le lendemain, nous n'aurons jamais été aussi matinaux!

9H50 en route!

10H10: "PAN" énorme! mon pneu a pété, a explosé. Une heure de réparation! L'homme devant chez qui nous nous arrêtons emmène François en scooter chez un réparateur d'occasion qui plaque 4 couches de chambre à air découpée sur le tour du pneu. Le type avec ses énormes mains n'a pas besoin de se servir des outils pour remettre le pneu... Puis, il disparait dans sa maison sans rien demander.

La route est abimée et caillouteuse, nous sommes sur la route N°7 qui traverse du nord jusqu'à Phnom penh.

Ce soir, nous nous posons au temple du village O Kreng, un peu perdus, de se retrouver le soir avec des moines et du bruit de civilisation. Décidément, j'aime bien le grand air. Quand même, sur la natte prêtée par les moines, je pose mon matelas et mon duvet. Mais il fait très chaud ce soir. Il y a un toit, ce soir, je ne verrai pas les étoiles.

La route pour arriver à Kratie est longue. Une alternance de route goudronnée lourde qui ralentit le rythme, et de mauvaise piste caillouteuse sur laquelle je crains d'exploser encore mon pneu. Je roule bien. Je sens petit à petit mes cuisses devenir plus solides, ma position mieux calée, ma motivation renforcée. Je vois sur les vitesses que pédaler la vitesse du dessus ne me pose pas de problème. Je sens que j'aime prendre un peu plus de vitesse. Je lutte moins dans les petites cotes.

C'est bon!

Il fait chaud. Il faut s'arrêter. Entourés de gamins.

Quand est-ce qu'on arrive?

Je me sens vraiment presque défaillir par la chaleur dans l'après-midi, mais dès que la température redescend, je reprends des forces et peux à nouveau rouler sans problème.

Nous finissons par arriver à Kratie avant le coucher de soleil magnifique sur le Mékong!

 

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4 janvier 2014 6 04 /01 /janvier /2014 05:35

Le bonheur simple de se réveiller dans ma tente sans condensation. J’ignore quelle est vraiment la cause physique qui explique que parfois il pleut dans ma tente le matin, et que parfois, elle soit aussi sèche que le sol est dur.

Le rituel habituel : s’habiller en se tortillant, sortir de la tente, rouler le duvet, rouler le matelas, emballer les polaires, anoraks et autres objets. Au début, c’est compliqué : il faut penser aux affaires qui doivent rester accessibles, à celles, plus lourdes que je dois mettre au fond du sac. Et puis, avec l’expérience, je prends du plaisir à me réveiller dans ma mini maison de tortue, à plier bagage et à reprendre la route.

Vous expliquer ce qui s’est passé pendant deux jours n’est, je pense pas possible.

Nous prenons la route 66, la grosse route en rouge sur la carte, la fameuse route qui n’existe pas… La piste en dur, avec cette terre rouge et cette poussière qui rentre partout se transforme petit à petit. On avance

« On avance, on avance, on avance.
C'est une évidence :
On a pas assez d'essence
Pour faire la route dans l'autre sens.
On avance.
On avance, on avance, on avance.
Tu vois pas tout ce qu'on dépense. On avance.
Faut pas qu'on réfléchisse ni qu'on pense.
Il faut qu'on avance. » Souchon

La piste devient terrain de VTT. Moi qui ne connais pas ce plaisir, je m’éclate ! J’essaie de faire attention à mes sacs trop bas à l’arrière, au poids qui me fait déraper dans le sable, à la boue qui va salir mes sacs poubelle. Je découvre une nouvelle façon de faire du vélo et ça me plait. À ce moment, je fonce, je pédale dur dans le sable, je ne veux pas mettre le pied par terre, je me sens comme au Dakar en train de braver le terrain hostile. I feel very strong !

Sur la piste, on croise deux motards en cross avec leur Go pro, le type me fait de grands signes : « souriez ! Vous êtes filmée ! » Les paysages changent vite, passant de la jungle à la forêt, aux champs. Toujours ces saluts venus de partout.

Je m’éclate  sur les trous, les bosses, le gravier. Je persévère, j’appuie plus fort sur la pédale. Il y a un côté grisant à parvenir à traverser ces passages ! Parfois, la piste se resserre, il y a peu de place, juste une trace en plein milieu avec des traces deux côtés, les longues trainées des tracteurs qui ont tassé la terre. Je suis lancée, je m’amuse avec le terrain. Je tombe une fois gentiment. Je tombe plus fort. Le vélo est sur moi. Je commence à fatiguer, mais c’est bon. Je suis là, au bout du monde et je découvre le tout terrain !

Quand même, après avoir traversé plusieurs minuscules villages où les gens veulent nous refiler leur môme, on se dit qu’on ne va pas arriver quelque part. Nous réalisons que nous sommes perdus ! Aucune importance ! Je rappelle à François que j’ai acheté un paquet de pates cuisson rapide. Et oui, logistique oblige, il reste peu de gaz, donc la cuisson rapide est une bonne option ! Il nous faut de l’eau en revanche.

François repère un abri de berger. Quelques mètres plus loin, nous trouvons une maison avec de l’eau. Des jarres d’eau. Nous prenons un seau et avons notre réserve de luxe d’au moins 20 litres. Des passants nous aident. Nous croyons qu’ils vivent là. Pas du tout ! Ils passent juste. Incroyables Cambodgiens ! Dans la journée, nous avons croisé peut-être 10 personnes. Nous ne savons pas où nous sommes, mais je sais que je suis bien où je suis !

À boire, à manger, un lieu pour dormir et même, ô luxe suprême, suffisamment d’eau pour me prendre une douche sous les étoiles. Se sentir seule au monde, avoir galéré toute la journée, être perdue quelque part loin, loin, c’est une expérience extraordinaire ! Il est temps de jouer à Robinson Crusoé : j’ai toujours adoré faire du feu et j’en profite pour me faire plaisir. Presque plus de gaz : pas de problème, j’allume un beau feu.

C’est ma petite madeleine de Proust : chercher et couper du bois, allumer un feu avec presque rien au milieu de la forêt, couper les branches avec mon genou… François me conseille quand même vivement d’arrêter d’abîmer mon genou pour couper le bois ! (Paradoxalement, ce sont les cordonniers les plus mal chaussés quand je vois l’état de ses jambes à lui)

Ma douche à la belle étoile est fabuleuse ! Embourbée, salie, suante, collante… Les herbes folles me servent de rideau de douche, et malgré l’absence de pommeau, j’admire la beauté du ciel étoilé en prenant ma douche en plein air ! À poil sous les étoiles, s’arroser d’eau froide et passer le savon sur les couches de crasse est un pur bonheur !

Je monte ma tente sous l’abri, mais ce soir, je laisse la porte ouverte pour m’endormir avec la vue sur le feu qui crépite.

Quelque part perdue entre « Ou » et « Ta seing », je trouve que mon aventure tourne à l’expédition. Nous n’avons pas grand-chose à manger. Le matin, j’aime bien finir les pâtes ou le riz de la veille. Le sucré, ce n’est pas mon truc. Mais quand je retrouve un paquet de gâteaux, François est content de pouvoir agrémenter son café de biscuit.

Il nous faut repartir.

La journée me parait interminable. D’autant plus que nous ne savons pas où nous sommes. Et aussi parce que nous n’avons pas à manger, que nous ne croisons personne, qu’il n’y a pas de village, que l’eau commence à se faire rare.

Tout à coup, je ressens intensément cette sensation nouvelle d’être VRAIMENT perdue. Et si nous devions rester 3 ou 4 jours dans cette forêt sans fin ? Je suis fatiguée. La piste avec ses bosses m’amuse moins. Le sable trop présent m’oblige à pousser le vélo sur des kilomètres. Je râle ! Je suis venue pour pédaler et non pas pour pousser la bicyclette à côté de moi ! Je n’en peux plus. J’ai soif ! Le ciel est toujours aussi bleu, les oiseaux chantent toujours aussi bien. Mais, j’en ai marre ! François a faim. Moi, j’ai soif !

Et rien, toujours rien.

Il faut continuer. D’un côte, je ne me fais pas vraiment de souci au fond. Je sais que nous avons un paquet de nouilles chinoises et quelques réserves d’eau de jarre. De l’autre, je sens que j’aimerais retrouver un camion qui passe à toute allure, un village où il faut lancer mille « hello », n’importe quel bouiboui où l’on pourrait manger une assiette de riz, un petit signe que nous ne sommes pas perdus et que nous ne tournons pas en rond.

Le temps n’en faisant qu’à sa tête, il arrive 16H… Toujours rien. Nous entendons loin, bien loin de la musique. Nous voyons des poules. S’il y a des poules ou des chiens, cela signifie qu’il y a des hommes ! Je me motive, je me force, je pousse mes limites. Pas les limites physiques. Je vais bien. J’ai des réserves et je ne suis pas fatiguée tant que ça. Mais je lutte avec mon moral. « avancer, avencer, avancer » J’insulte ce sable qui m’emmerde. Je m’encourage de toutes mes forces, je me dis que je vais y arriver.

Soudain, au bout d’un chemin qui se fait plus joli et plus accueillant, nous enfourchons à nouveau nos fidèles vélos, et nous retrouvons une piste. Une route qui semble large, belle, empruntée. Il n’y a personne, mais sur une piste aussi belle, nous allons forcément croiser quelqu’un !!! Le soulagement, le bonheur, l’euphorie d’une telle découverte sont indescriptibles. Sincèrement, mon énergie remonte ! Il est 17h passé, il fait bientôt nuit, mais je me sens tout à coup capable de pédaler des heures sur une piste aussi belle et bienveillante !

Nous arrivons sur un chantier de construction de route.

Oui, nous sommes arrivés à Ta Seing ! Oui, nous avons emprunté la bonne piste ! Wouah ! STOP bière ! oui, obligé, le réconfort de retrouver au moins une centaine de maisons et des gens bien vivants me redonne vie ! Ça y est ! On y est ! Au milieu de nulle part, mais arrivé !

En faisant des courses pour notre diner du soir, nous rencontrons à nouveau le chef du chantier de construction de route qui nous invite à camper… Sur le chantier bien sûr ! C’est reparti ! 1 km de nuit sur le sable ! Je dois avouer que j’ai bien aimé ! Pédaler dans le noir sans savoir ce qui arrive comme route ! Un peu comme skier par journée blanche ! Je me trouve parfois bien téméraire !

Nous avions prévu de nous faire notre repas, mais nous sommes invités à partager le diner des ouvriers. Le chef de chantier offre le vin cambodgien, une espère ce sake ou soju, alcool de riz assez fort et insipide. François se laisse prendre au jeu, tandis que je vais prendre encore une douche régénératrice sous les étoiles et derrière les pelleteuses ! J’adore mon voyage !

Je me réveille dans l’humidité habituelle de ma tente qui a le temps de sécher pendant le petit déjeuner. Les deux femmes du chantier sont là. Elles nous servent un délicieux riz au lard tandis que celle qui est enceinte de 6 mois part chercher du bois et le coupe à la hache devant nous !

Aujourd’hui, nous rencontrons deux Suisse qui font le tour du Cambodge à moto. Ils nous donnent les indications pour atteindre Stung Treng. L’un d’entre eux connait bien le pays et nous dit que la route 66… Il l’a cherche encore… Nous reprenons la piste sous le soleil.

Ça commence à monter pour moi. Le paysage change. On atteint les sommets du Cambodge : au moins 350 mètres ! Je suis épuisée dès qu’il y a une petite montée. François est à son aise. Parfois, je ne peux même plus admirer le paysage, car je lutte. Je pousse, je n’avance pas. Je m’énerve, je m’engueule, je pousse. Je sais que dans 200 mètres, ce sera la descente ! Décidément, je pense que je ne suis pas faite pour les montées ! Sur le plat, je roule avec plaisir, mais dès qu’il faut faire des efforts, il n’y a plus personne !

Toujours est-il qu’après peut-être 50 ou 60 km, nous arrivons dans un village où nous parvenons au bout de 30 minutes à acheter du riz. Ce soir, diner au pied du temple ! Quelle chance ! Il y a du bois tout prêt, il y a une table et même un abri fait de plastique ! Le lieu idéal quoi ! Comme d’habitude, je prends un grand plaisir à faire le feu ! C’est assez sale. Un rat vient faire ses courses dans les parages, il y a des détritus partout, et je n’aurais pas de douche ce soir, mais qu’importe, me reposer à côté du feu suffit à ma satisfaction !

J’aime l’odeur du feu ; j’aime manger par terre avec les fourmis ; j’aime regarder les étoiles ; j’aime me dire que je suis quelque part au bout du monde et que « le temps n’a pas d’importance, ce qui compte, c’est la vie » (Cinquième élément, Luc Besson)

Un plaisir encore plus grand : rallumer le feu le matin au réveil ! Je me réveille. Je sais qu’il est tôt : le jour est présent mais le soleil pas encore levé. Du coup, je me lève vite pour regarder s’il reste de quoi faire revivre le feu sans utiliser une allumette. Vite, je remets du bois sur les braises et fais chauffer l’eau pour le café ! Comme d’habitude, je finis le riz de la veille tandis que François avale des biscuits secs sans goût !

Nous retrouvons la route goudronnée. Le Cambodge change. Les routes se construisent tout du long. Les Chinois sont là, partout. À notre pause déjeuner dans un petit village, un homme vient nous parler dans un bon français. Sauf le « tu es de quelle race ? » Pour : de quel pays venez-vous ? Il nous donne des indications sur la direction à suivre. Monsieur No est un ancien instituteur qui parle français.

Nous repartons. Quelques côtes que je surmonterai. Des klaxons pour se signaler. Des « hello » « orkun » (bonjour Cambodgien)  à tout va. Des maisons à pilotis. Des paysages un peu vallonnés.

En arrivant en Asie, je pensais assez passer inaperçue. Et pourtant ! Pourtant, ce n’est pas François, le blanc, qui rafle le concours de dévisageage ! En scooter, les gens se retournent pour mieux me voir ! Il y en a un qui se retourne tellement longtemps qu’il a failli rentrer dans le vélo de François qui roulait devant ! Cet étonnement, je le retrouve partout. Sans savoir exactement l’interrogation que je peux provoquer chez les gens, je me rends bien compte qu’il y a quelque chose de vraiment inhabituel. Je suis trop blanche, trop riche, trop autonome, je crois. On me demande si je suis japonaise ou coréenne. Parfois, François n’arrive pas à expliquer que l’on vient de France. Les gens ne connaissent pas. En revanche, si je dis que je suis de Corée, cela parle beaucoup aux gens. Ils me demandent immédiatement si je viens du Nord ou du Sud. Question, par ailleurs, un peu inutile puisqu’il y a si peu de gens du Nord de la Corée qui sont autorisés à sortir de leur pays !

Un peu plus aguerris par nos jours de forêt, nous prévoyons les courses pour le soir sans attendre un hypothétique prochain village, nous faisons nos achats avant la tombée du jour ! Et nous saurons le lendemain que nous avons vraiment bien fait, car il n’y aura pas de prochain village avant bien des kilomètres !

Je décide de dormir sans la tente, mais sous l’abri et près du feu. Je me sens une âme téméraire ! Allez, je dors sans ma maison ! Tout de même, je fabrique ma chambre de princesse avec mon matelas, mon duvet et mon oreiller (je me sers de mon pantalon de rechange comme d’oreiller !). Chacun son luxe dans le bush. François dort à même le sol, mais je sens que j’ai besoin de mon confort sommaire. Mon matelas thermarest me parait d’un confort suprême !

Le lendemain, en route ! Nous traversons Praeh Vihar et Tbeang Manchey, mais ne trouverons jamais le village de « Pou ». Encore une belle nuit sous un abri de fortune rempli de déchets.

La route pour rejoindre Stung Treng est belle. De plus en plus de circulation, c'est-à-dire un pick up toutes les heures nous confirme que nous prenons la route du Nord. Ce soir, nous faisons le marché. Toujours aussi dévisagée, je m’habitue. J’aime cette sensation d’être dans un autre monde. Nous passons à côté de nombreux mariage, nous nous arrêtons pour manger dans la fosse à égout qui pue et déjeuner pas loin des cochons.

Ce soir, c’est la forêt qui nous accueille. Pas d’abri. Rien. Un site de travaux où personne ne vient. Ce soir, pour la première fois de ma vie, je vais dormir complètement à la belle étoile. Mon hôtel 100000 étoiles est là devant moi. Je fais un grand feu avec du bois mort et sec qui brûle à toute allure. C’est génial, d’autant plus que je fête, un peu au hasard, mes 1000 bornes ! Ma nuit sera humide, froide et courte, mais je m’endors avec mon ciel étoilé et du bonheur plein la tête.

31 décembre.

Réveillée à 3h du matin par l’humidité, je relance le feu et me rendors sur le gravier tout près du feu. Je pensais partir tôt, mais je dois changer ma chambre à air pendant que nos affaires trempées par l’humidité de la forêt sèchent auprès du feu. Première fois en situation réelle de changement de chambre à air. Heureusement que François gère. J’apprends. Tant mieux, j’en aurais une deuxième à changer dans la journée !

Tout le long de la route, de gros travaux. Ils installent des canalisations et sur des kilomètres, des travaux. Des travaux aussi sur la route : les Chinois construisent des routes partout.

Depuis deux jours, je sens une douleur dans les genoux au pédalage. J’essaie une autre position de mes pieds sur les pédales. François dit qu’on gagne 30% d’énergie en pédalant avec la pointe des pieds. Je m’essaie à la nouvelle technique. Il va falloir que je prenne des cours de vélo bientôt ! Je ne sais pas si ça marche, mais ça fait plus mal aux tibias ! Et j’ai toujours cette impression de rouler au ralenti dans les faux plats. Ah !!! ces problèmes de voyageurs ! Quelle plaie !

2km avant l’arrivée à Stung treng, je crève. Cette fois, efficaces, à deux, nous mettons 15 minutes à tout changer ! Quelle équipe !

Ça descend. Ça sent l’arrivée.

J’accélère. Je sais qu’on est proche. Et tout à coup, il est là : le Mékong ! Etrange sentiment dans cette fin d’après-midi d’atteindre plusieurs buts. Ce but de la journée d’arrivée à Stung Treng où nous voulons passer le nouvel an. Ce but depuis mon circuit à vélo de parvenir à cette rivière qui fait rêver. Ce but plus global de relier cette étape dans mon voyage ! Soudain, j’y suis. Après s’être perdue dans la forêt, après avoir douté, après l’avoir imaginé, je suis sur les bords du Mékong. Je me sens bien, fière et paisible.

 

Effet de la rivière, effet de l’arrivée, effet du coucher de soleil, je me sens euphorique de cette arrivée. À l’entrée, le type me regarde lui tendre un dollar et me dit : « pour vous, c’est gratuit ». Un peu genre: "Tu me fais tellement pitié que je suis mort de rire et je te laisser passer gratos avec tes sacs plastiques et ton vélo qui grince!" Traversée sur un ferry d’une autre époque. Temps suspendu sur cette rivière avec le coucher de soleil qui clôture une magnifique année 2013 pleine de rencontres et de surprises. Je traverse le fleuve comme on passe une nouvelle année. Sans vraiment sentir la différence, mais en sachant que de l’autre côté, de nouvelles aventures m’attendent !

 

L'album photo:

http://sarahconte.over-blog.com/album-2191979.html

 

Le voyage vu par François avec d'autres photos:

http://animateurssansfrontieres.centres-sociaux.fr/


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3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 06:23

C’est le 24. Nous aurions pu sans doute passer la soirée dans « pub street ». Une rue à touristes, pleine de gens venant s’abreuver de culture occidentale, de musique internationale et de libertinage dans un pays encore très traditionnel par ailleurs. Partout dans les pays que j’ai visités, il existe ces lieux de fête internationale. Je ne craignais nullement de m’ennuyer ou de passer un « mauvais » réveillon. Je savais simplement que je serais loin des miens, mais, une fois les pensées pour ma famille passées, j’ai repris la route sans amertume.

Le matin, je pars au centre commercial pour faire des courses. On est occidentaux et français. Alors, notre menu de réveillon sera grandiose : spaghettis à la carbonara, bière, vin de Loire, et camembert. Cocorico !!!

J’en profite aussi pour trouver un ampli portatif comme celui de Yiyi qui avait tant plu à François.

Puis, nous nous apprêtons à partir vers midi. Impossible de démarrer le ventre vide ! Qu’à cela ne tienne ! Juste en face de notre hôtel se trouve un petit restaurant. Le propriétaire est français et me dit qu’il a en plat du jour, du bœuf bourguignon ! Ah, c’est Noël aujourd’hui ! S’attabler autour d’un bœuf bourguignon, avec de la viande de qualité et pas surcuite, avec une sauce délicieuse (mais pas autant que celle de papa bien sûr), et un patron français, c’est reculer le départ de 2h !

Nous prenons la route à 15h !

Le parcours dans la forêt avec le soleil déjà bas donne l’impression d’être dans un lieu enchanté. Les plans d’eau reflètent une superbe lumière métallique et la chaleur commence à s’atténuer. En partance nord-nord-est. Rapidement pourtant, nous réfléchissons à notre lieu d’habitation pour le soir. Il s’agit de trouver un endroit calme, où nous pourrons manger sans être dérangés. Oui, ce soir, c’est réveillon et je n’ai pas envie pour une fois d’aller chez l’habitant ou dans un temple pour ouvrir ma bière et écouter mes chants de Noël !

Prenons le chemin à gauche !

Un village à quelques kilomètres d’Angkor Wat. L’endroit est beau, le coucher de soleil reposant, et le site propose même table et chaises ! Parfait ! Nous nous installons : décharger les sacs, monter la tente… Tout cela sous le regard surpris, curieux et pas du tout discret des habitants du village qui se font de plus en plus nombreux autour de nous. Tout est prêt à 18h. Mais, voilà que se présente un petit homme parlant un bon anglais. Il se dit policier. Il nous avertit que nous ne pouvons pas rester ici sur le site. Il y a des brigands. Et il n’est pas bon pour nous de rester.

Commence alors 2 heures de négociations pour le pauvre François avec le policier. Il lui explique que nous sommes habitués à voyager ainsi, que nous n’avons jamais eu de problème, que dans tous les pays où il est passé, il a planté sa tente dans des villages sans problème.

Dès le début, je ne me sens pas en mesure de parlementer. Je veux un endroit pour faire mon réveillon tranquille. Je ne suis pas chez moi. On m’a dit de partir, je vais partir. Je suis prête à démonter ma tente. Je ne veux pas parlementer, mais je sais que François ne veut pas démonter sa tente.

J’interviens alors. Je demande au prétendu policier sa carte professionnelle, puisqu’il se présente en civil. Le policier me demande si je ne le crois pas. Je lui explique que je veux voir sa carte avant de continuer à discuter. En fait, il est plutôt bienveillant et amusé. Il veut savoir par curiosité d’où je viens et ce que nous faisons. Il nous répète que c’est pour notre sécurité. En attendant, je m’assois, toujours au centre de la curiosité des habitants, et surtout des habitantes. Mes jambes de cycliste bronzée sont encore bien blanches pour elles. Elles s’approchent, observent mes jambes pleines de bleus, de crasse et de cicatrices, je crois qu’elles sont fascinées. L’une d’elles me montre le sable collé à mon mollet, comme une tache à la blancheur de mes jambes !

« Lady, lady ! »

Oui, c’est moi que le pseudo flic appelle comme ça ! Finalement, je dois dire que ça me plait bien ! « Lady, where are you from ? » « Lady ! Do you believe me ? »

François discute encore. Il finit par avoir le chef de la police touristique au téléphone qui nous somme de nous rendre au poste de police pour dormir. Entre temps, deux amis du soi-disant policier arrivent en tenue de policier. Ils nous présentent des cartes professionnelles sur lesquelles ils sont méconnaissables !

Nous rempaquetons ! J’ai perdu ma frontale… Je dis au type de nous escorter, car, il est 20h passé, c’est de la piste, et il va falloir faire quelques kilomètres de nuit entre les chiens grognant, les cailloux et les bosses et le chargement.

C’est reparti ! Je suis le scooter du policier en tenue. Il nous conduit au poste de police. Euh, enfin, dans une espèce de maison désaffectée où nous attendent deux autres policiers en tenue . Les policiers dorment dehors. À ce stade, je ne réfléchis plus. On nous donne le choix de dormir dehors ou dedans. Comme on nous a obligés à venir ici, je n’hésite pas et prends l’option en dur ! Je m’installe donc dans le bureau des flics ! Enfin, il y a un tableau blanc, un bureau sans chaise et une bicyclette sans âge ! Le ménage n’a pas été fait, enfin je veux dire n’a jamais été fait ! Tant pis, c’est parfait, je gonfle mon matelas dans la poussière. Nous avons une salle pour nous tout seul, un endroit où l’on ne sera pas dérangé par les habitants ou attaqué par le grand banditisme cambodgien, une table pour manger, et des kilomètres de campagne pour mettre la musique à fond…

Que la soirée commence !!!

En toute chose sort quelque chose de bien !

Je suis même escortée par deux policiers dans la nuit pour traverser la route, déserte, et aller aux toilettes ! Trouvant cette situation un peu gênante, je me contenterai des toilettes au vert derrière le poste de police le reste de la soirée.

En Sarah qui se respecte, j’ai apporté ma petite décoration personnelle. Pour un voyageur, le meilleur compromis dans ses plaisirs, c’est un objet à forte valeur affective, léger, petit, utile et pas cher. Ce soir, à mon grand plaisir, je sors la tortue bougie de 3 cm et 2 grammes que j’ai achetée au centre commercial ! Et je suis heureuse de prendre l’apéro au fond du poste de police avec François !

Quelle soirée !!!

J’ai même un cadeau de Noël : François m’offre un petit carnet de notes avec une spéciale dédicace ! « Forte valeur affective, léger, petit, utile et pas cher »

Et je lui offre le mini ampli pour qu’il puisse écouter la musique en pédalant et faire « profiter » à tous les passants de son son ! « Forte valeur affective, léger, petit, utile et pas cher »

Trouver de la crème fraiche de Paysan Breton à Siam Reap a été un soulagement, car ce n’est pas si courant ici ! Oh bonheur délicieux ce goût de crème dans mes pates ! J’ai adoré mon repas de Noël ! (Ça n’empêche que j’ai eu une petite pensée pour ma bûche).

Puis, nous mettons la musique plus fort grâce à l’ampli. Les flics ne viennent pas de la soirée pour nuisances nocturnes, alors que pourtant, on a balancé du son ! Redécorer le commissariat, danser au poste de police ! Wouah ! Et je me paie le luxe d’une bonne soirée spéciale années 80 avec ma playlist d’anniversaire.

Improbable voyage !

Surréaliste réveillon au bout du monde ! Je n’avais pas d’idée préconçue sur la manière dont tout cela allait se passer ! C’est le premier Noël où je ne sais pas 2 semaines avant quel sera le menu du repas !

Qu’importe ! Pour nous, ce n’est pas le plus beau Noël, mais c’est le plus étrange…

Plus je le vis, plus j’adore mon voyage ! C’est exaltant ! J’en veux toujours plus ! J’ai l’impression de bouffer la vie, je ne suis pas rassasiée, j’ai faim d’aventures, de découvertes, de situations insolites.

Le réveil est plutôt marrant. Les policiers viennent à tour de rôle nous voir et rient. Ils sont peut-être levés depuis 3 ou 4 heures, mais j’ai du mal à sortir du duvet. Et je n’ai aucune envie de parler à un policier dès le matin ! Je mets du temps à émerger. Après les cinq cafés de François et les donuts spécial Noöel, nous commençons à remballer.

« Lady, Lady ! » Un policier vient vers moi, me sourit, me montre du doigt et fait un petit pas de dance ! Je suis morte de rire ! En fait, dans la nuit, ils ont dû venir regarder par la fenêtre ce qui se passait et ont du me voir danser…

Lady Sarah, la reine de la piste de danse du poste de police de Preakdak ! Yeah !

L’un dans l’autre, nous finissons par partir vers midi… Dans la mauvaise direction que nous ont très assurément indiquée les policiers ! Ou comment perdre 1 heure alors que j’étais persuadée que c’était dans le sens inverse… Toujours se fier à son instinct !

Noël : une journée de route longue, très longue, pénible. Grosse fatigue ! J’ai mal à la tête malgré le paracétamol, je ne bois que du coca. Je m’en veux d’être si lente, bien que François dise le contraire. La jungle défile tout autour de moi.

Depuis plusieurs kilomètres déjà, nous avons quitté la route goudronnée. Sur la piste, il faut appuyer plus fort sur les pédales. Nous partons pour Bon Melliha, un nom que nous n’arriverons jamais à prononcer correctement ! Aucun repère sur cette piste. Je ne sais pas si on a fait beaucoup de route, je ne sais pas si c’est encore loin, je ne sais pas où on va… « Y a que les routes qui sont belles, et peu importe où elles nous mènent ! »

C’est ainsi qu’après avoir dépassé le village, fait 4km de trop, nous trouvons ce lieu perdu. Un point indiqué sur notre carte. En fait, choisir une carte de qualité pourrait être un challenge pour un prochain voyage à vélo. Sincèrement, je pense que c’est la carte la plus fausse que l’on puise faire. Nous n’avons emprunté aucune route inscrite sur la carte, et nous n’avons pas trouvé un village sur deux noté sur notre itinéraire…

Pour faciliter les choses, au lieu de se faire déplacer par la police, nous décidons d’aller directement dormir à la police station ! C’est qu’en tout, on s’habitue à toute chose. Je me sens encore plus chez moi partout. Je monte ma maison que j’aime de plus en plus. François fait la popote pendant que je fais ma toilette à la frontale et la lingette.

J’aime ma tente, mais la condensation est importante comme toutes les tentes simple toit. Pourtant, je me suis habituée et je fais en sorte de ne pas toucher la toile de l’intérieur pour ne pas être mouillée.

 

Le ciel étoilé est superbe et j’ai la chance et la joie de pouvoir parler à toute la famille au téléphone ce soir de Noël !

 

L'aventure vue par François:

http://animateurssansfrontieres.centres-sociaux.fr/

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2 janvier 2014 4 02 /01 /janvier /2014 06:08

Mon premier passage de frontière à vélo. En sortant de Thaïlande, nous voyons les voitures s’arranger pour changer de côté de route. Puis, nous entrons sur le territoire cambodgien. Le visa nous est délivré très officiellement au bureau par un comité de 3 hommes en uniforme. Puis, nous devons faire tamponner le visa. Nous sommes alors hélés par notre cycliste chinois qui fait aussi la queue.

Sur un coup de tête, François lui propose alors de rouler avec nous. Ce qu’il accepte volontiers. Nous attendons. Nous devons changer nos bahts en Riel, faire des courses et trouver un endroit pour dormir. Notre nouveau compagnon de route Hyear et sa fille Yiyi nous attendent patiemment. Je suis embêtée de les faire attendre, surtout la petite de 5 ans. Mais je comprendrai plus tard l’importance que nous avons eue pour eux dans leur propre voyage. Il est tard. Nous avons le temps de sortir de la ville avant le coucher de soleil, et de nous arrêter dans un temple.

Ma première nuit en temple ! Les moines sont très curieux et posent des tas de questions. Ce qui les intéresse notamment, c’est le prix de tout notre équipement. Nous nous installons donc dans le hall où se tient un cours de cambodgien. Je suis contente de dormir en dehors de ma tente, mais abritée. Je m’en vais prendre une douche froide à la louche (une espèce de casserole qui permet de s’arroser d’eau) éclairée par ma frontale. Le bonheur absolu. De l’eau, du savon. Meilleur que les douches dans les baignoires usées africaines. C’est le local de 2m sur 1m où se trouvent à la fois les WC, le bac à eau et la douche. Au Cambodge, je prendrai les douches les plus régénératrices et les plus agréables de mon voyage dans des taudis dégueu ou sous les étoiles.

Hyear et Yiyi ont la même popote que François, le même réchaud. En revanche, il est équipé et encombré de sauces soy et autre assaisonnement chinois. Mais il a renvoyé en Chine son duvet et son pantalon… ? À chacun ses priorités. Hyear nous explique dans son anglais approximatif qu’il est content de rencontrer des gens qui voyagent au long cours. Il en avait entendu parler, mais il n’en avait jamais rencontré bien qu’il voyage depuis 2 mois avec sa fille.

La petite Yiyi gère son affaire, poursuit les moines pour jouer, surveille la cuisson des nouilles et aide à monter la tente. Hyper autonome et joyeuse tout le temps. Très chouette pour voyager ! Elle porte le pied à photo, prend les photos au retardateur, s’équipe seule de son casque et de ses gants de rideuse, et grimpe sur le vélo, dos à son père !

Le matin, Yiyi met sa musique sur son haut-parleur portatif : je me lève avec la musique « Edelweiss » de la « mélodie du bonheur » (The sound of music) en chinois ! J’adore ! Nous roulons donc vers l’est. Toute notre équipée cycliste. C’est drôle, car on me prend pour la mère de la petite ! Du coup, François est le seul blanc, très insolite comme situation !

J’appréhende un peu, car notre compagnon cycliste nous a dit qu’il fait 100 km par jour et qu’il roule à 20km/h. Tout cela me parait très précis, trop précis. Il est équipé en matériel de pointe, quand nous roulons sans même une carte du Cambodge ! Nous partons. Finalement, je me rends compte que je roule plus vite que 20 km/h, grâce à son petit appareil. C’est reposant, nous allons à son rythme, parfois nous accélérons, nous jouons avec la petite à l’arrière. Parfois, chacun est distancé par un autre, parfois, nous nous doublons à tour de rôle. Je prends conscience que j’apprécie d’avoir quelqu’un devant moi, ça me pousse à avancer. La route est superbe. La lumière magnifique. Les gens travaillent dans l’eau. Les hommes en slip tirent des filets dans l’eau boueuse. Le paysage défile au ralenti. Parfois, je m’ennuie, je les double. Parfois, je suis un kilomètre derrière. Comme cette route vers l’est est une ligne droite, je les vois longtemps, longtemps. Au loin, François avec son Tshirt orange fluo et un peu après le papa et sa fille avec leurs casques bleus et leur drapeau sur la remorque.

Puis, Hyear s’arrête. Il y a une école, et une cycliste chinoise qu’il a déjà rencontrée en route est là. Elle rejoint notre team ! Elle a un long arrêt maladie et en profite pour faire 3 mois de vélo depuis la Chine via le Laos, la Thaïlande, le Cambodge, et le Vietnam ! Je suis épatée. Une femme cycliste qui voyage seule.

On est toujours l’extrême pour quelqu’un et on a toujours des modèles de voyageurs plus extrêmes que soi. Comme quand je rencontre quelqu’un qui voyage depuis 13 ans, alors que d’autres envient mes 11 mois … En toute relativité spatio-temporelle !

Alors oui, cette femme qui voyage seule m’impressionne. Elle roule vite, elle a son programme avec son itinéraire. D'ailleurs, tous les Chinois sont suréquipés et ont un excellent matériel. Moi, avec mes sacs poubelles, je ne fais pas très pro du vélo ! Alors oui, je suis toujours plus impressionnée de voir une femme voyager seule plutôt qu’un homme. D’une part, parce que j’expérimente moi-même ce que ça représente parfois d’être dans une situation où je rêverais d’être un homme pour que les choses soient plus simples, pour que je puisse parler à un homme sans me sentir reluquer, ou que je puisse m’arrêter sur le bord de la route 1’30 pour pisser et pas chercher 40 minutes le premier buisson à droite pour ne pas exhiber mon magnifique cuissard noir et bleu rembourré. D’autre part, parce que cette femme voyage à vélo. Et ça, je trouve que c’est une performance. J’ai posé la question à François qui voyage à vélo depuis 6 mois, il n’a croisé que deux femmes cyclistes voyageant seul. En fait, et je ne sais pas pourquoi, la plupart de femmes à vélo qu’il a croisées voyage avec quelqu’un. Parce que c’est rare, je trouve que c’est beau.

Giroi restera aussi deux jours dans notre groupe, ralentissant pour nous un peu son programme. Ils sont contents de voyager avec nous.

Habitués à la solitude, ils sont pourtant heureux de partager un bout de chemin avec notre équipée sauvage : pas d’horaire de départ. « A quelle heure partez-vous le matin ?-Heu, entre 7h et 15h !!! » « Quand faites-vous des pauses ? –Hum, dès que François a faim ou envie de fumer une cigarette, n’importe quand quoi ! » « Où dormez-vous ? – Ben, là où on peut, quand on trouve un coin quelque part le long de la route » « A quelle vitesse roulez-vous ? – en fonction du vent et des côtes, si ça monte, je fais de la vitesse négative ! » François dit que je roule en marche arrière !

Peut-être mes paragraphes repas se sont-ils faits plus rares… En effet, il faut bien dire une chose : je n’aime pas la nourriture cambodgienne. Dans l’ensemble, j’ai été assez déçue. Enfin, je crois surtout que j’ai un palais qui n’apprécie pas certaines saveurs locales de pate de poisson et autres légumes à la consistance gluante tout à fait surprenante.

Nous dormons pour la deuxième fois dans un temple. J’aime beaucoup dormir sous un abri, mais complètement ouvert sur l’extérieur. Je pose mon duvet au sol, devant Bouddha. Cette fois, pas de curiosité des moines, de toute façon, ils ne parlent pas un mot d’anglais, donc la communication est très limitée. Le lendemain, pendant que nous plions bagages, nous voyons les habitants s’installer là où nous avons dormi, nettoyer et prier. Chants de mantras. Quelle image ! Au moment de partir, nous sommes invités à partager le repas avec les moines et les gens. Nous sommes cette fois bien dévisagés. Je prends donc bien soin de cacher mon dégout de la soupe infâme que l’on nous sert et ressert. Ô!!! regrets des repas birmans…

Nous finissons, et de nouveau, au moment de partir, notre ami Hyear décide de faire des photos. Il faut dire qu’il transporte un drapeau sur lequel il a fait imprimer les drapeaux de la Chine, du Laos, de la Thaïlande, du Cambodge et du Vietnam. Au milieu, est inscrit le message : « Yiyi is happy » Et dès qu’ils sont dans un lieu insolite ou avec des personnes rencontrées en route, Hyear sort son drapeau et prend des photos avec son pied de photographe. Séance photo donc.

Sur la route, nous croisons un cycliste coréen dans le sens inverse. Rencontres insolites au milieu de la campagne cambodgienne entre ce coréen, cette femme chinoise, ce papa chinois avec sa fille et sa remorque, François et son bandeau jaune et moi.

Puis, un autre chinois se joint à notre groupe pour atteindre Siam Reap. Enfin la ville ! Les décorations de Noël ne parlent qu’à nous, puisque les chinois ne sont pas concernés. Nous trouvons une guesthouse, nous prenons un verre de vin rouge sur le toit d’une terrasse. Nous utilisons en une soirée de restaurant, d’hôtel et de verre de vin le même budget qu’en une semaine d’itinérance. Autre ambiance, autre rythme. Ça sent Noël, c’est touristique. En bons vagabonds, nous allons aux toilettes de ce restaurant. Et sans nous concerter, nous ressortons chacun avec son rouleau de PQ piqué dans les WC de luxe ! Même mode de voyage, mêmes mœurs !

Après une journée off, nous visitons les alentours avec Hyear et Yiyi. Il parait qu’il y a quelques temples sympas dans le coin… Ah!!! Angkor Wat!!! Certes, c’est impressionnant. Je ne trouve pas d’autre mot quand je me rends sur place. Je ne ressens pas vraiment d’émotion. Heureusement que je ne suis pas venue exprès pour ça !

Le lendemain, nous quittons, non sans émotion ce papa et sa fille en nous donnant rendez-vous quelque part dans le monde, comme d’habitude !

C’est le 24, nous partons tout à l’heure, sans savoir où, j’ai un peu le blues de mon réveillon de Noël en famille, mais je ne sais pas encore ce qui m’attend le soir…

Nous prenons la route avec flemme à 15 h !

 

En avant pour notre réveillon quelque part sur la route !

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2 janvier 2014 4 02 /01 /janvier /2014 05:24

De retour à la civilisation après 9 jours perdu au nord du Cambodge, le programme de voyageur est chargé et je n'ai pas eu le temps de rédiger un article digne de ce nom!

A Stung treng donc pour 2 nuits.

En toute chose émerveillée et surprise par la beauté des paysages, par les saluts des enfants, par les sourires de femmes, par la beauté du ciel étoilé.

Itinéraire: depuis la frontière, nous avons suivi la route jusqu'à Siam Reap. Trop de touristes, trop de blancs. 

Angkor Wat n'a pas eu d'effet sur moi, désolée. 

Puis, petits sauts perdus sur des routes qui n'existent pas sur les cartes, dans des villages où il n'y a pas de touristes.Bon Meliya, perdu entre ou et Ta peing, divers camps en route pour Stung treng. 

Le vélo gonfle mes cuisses, me laisse des cicatrices au tibia, me donne une peau cuivrée avec la trace du cuissard et du Tshirt et des lunettes de soleil. On devient presque ami. Je lui gueule dessus, je l'aime bien au fond. Le vent, ce traite, tourne toujours pour me foncer dans la face. 

J'aime de plus en plus ma tente. Je me sens dans ma maison. Je me sens tortue. Je me sens chez moi. Je me suis habituée à monter mon abris et poser mes affaires tout bien organisé sur ma petite surface.

J'adore mon voyage toujours et encore. 

Tout plein d'anecdotes dès que j'ai plus de temps.

Ben oui, quand on arrive en ville, on arrive de nulle part.

J'irai où le vent me portera, enfin quand il n'est pas de face.

on ira là-bas...

Direction Phnom penh.

 

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24 décembre 2013 2 24 /12 /décembre /2013 07:18

Comme je n'ai pas eu le temps d'écrire, j'ai balancé des photos en vrac.

 

Mais rapidement, pour les explications, nous avons rencontré un chinois voyageant seul avec sa fille Yiyi (pensées pour Gilbert Bohn et ce fameux film où papa était sorti de la salle de ciné).

Nous avons roulé 3 jours ensemble, puis avons croisé un autre chinoise, puis encore un autre chinois...

Mais c'est avec YuShan que nous avons voyagé. 

Sa gamine de 5 ans est magnifique. On est tombé amoureux de la petite et de sa facilité à voyager!

Nous avons dormi chez les moines.

et arrivé à Siam Reap d'ou je repars dans un moment...

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