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  • : Voyages et escapades de Sag La Tortue
  • : Carnet de voyage: tour du monde 2013-2014, tour de Bretagne à vélo, randonnées...
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Tour du monde 2013-2014 et autres voyages

 

2014-09-28 16.53.17

 

 

Tour de Bretagne à vélo -juin 2014

Tour du massif des Ecrins en rando -juillet 2014

Rando dans la Vanoise - août 2014

Rando dans le massif du Pilat - août 2014

Rando dans le Morvan - septembre 2014

 

 

My round the World TourJuly 2013- April 2014

Through

Southern Africa: South Africa, Namibia, Botswana, Zambia, Zimbabwe, Mozambique

Abu Dhabi, Dubai

South East Asia: Thailand, Burma, Cambodia, Malaisia, Singapore, Indonesia

Korea and Japan

North America: USA: New Hampshire, Boston, NYC!

 

 


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Introduction

11 janvier 2015 7 11 /01 /janvier /2015 12:45

je-suis-charlie-hebdo

par sag la tortue

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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 22:31

Fini le tour du monde.

Comment commencer ma nouvelle vie? De quoi vais-je bien pouvoir la remplir?

De nouveau, il me faut du défi: je me lance dans la randonnée pédestre et range provisoirement Viktor, mon fidèle destrier à deux roues. En tête, un projet de portion sur le GR 10: la traversée des Pyrénées. Un parcours qui commence au Pays Basque, du côté d'Hendaye, sur les pas de Saint Jacques, qui traverse le centre, les Hautes Pyrénées , l'Ariège parait-il magnifique et finit au bord de la Méditerranée, à Banyuls. Je veux me lancer dans ma première randonnée autonome, sans guide, et sans portage. Les Pyrénées me sont assez méconnues et j'envisage de visiter Toulouse. Pourquoi pas en profiter pour prospecter sur une destination de bivouac à long terme?

Concours de circonstances, Michel, -rappelez-vous, le cycliste des Ardennes vivant à côté de Chambéry que j'avais rencontré en Bretagne, m'avait proposé de faire la randonnée avec moi. Mais, finalement, il n'a pas pu se libérer de son travail. Pas de problème, je projette surtout de partir seule. Pour la préparation, je surfe sur les sites de randonnée, afin de glaner tous les bons conseils. Une annonce sur le site des MUL (Marcheurs Ultra Légers) m'interpelle. Deux amis proposent une randonnée tranquille d'une dizaine de jours dans la même période où je compte partir. Ils se disent ouverts, musiciens et ne pas vouloir marcher comme des forcenés. Le profil me plait, je réponds à l'annonce en pensant qu'il est temps peut-être pour moi de renouer avec la vie sociale après trois semaines de vélo solitaire.

Un samedi soir, je rencontre donc Benoit, Aurélien et Mathieu pour faire connaissance et préparer la randonnée. Ce sera finalement le tour du massif des Ecrins en 10 jours et non le Queyras. Qu'importe, je ne connais ni l'un ni l'autre et je n'ai pas confirmé ma participation. Je doute. Que faire? Le parcours est impressionnant et je m'engage avec quatre gars (Nicolas ne vivant pas en région parisienne n'est pas présent) qui vont marcher plus vite sans doute et qui ont l'habitude de randonner. Je n'ai aucune envie d'être un boulet ni de me forcer à avancer à un rythme qui ne serait pas le mien. Après encore quelques jours d'hésitations, je me lance. Après tout, ils m'ont garanti qu'on se calerait sur un rythme commun. 

Ce n'est pas la première fois que je change de programme en fonction des gens qui se trouvent sur ma route. Alors, aufwiedersen Toulouse et Gutenmorgen Bourg d'Oisans. Entre deux squattes chez parents, soeurs, amis, je file en escale à Lyon chez mon amie Isa, passe une soirée en compagnie de militantes féministes, mélangées par le pur hasard (vous savez, celui qui n'existe pas) aux Colibris dont je découvre l'existence par la même occasion. De manière synthétique, les Colibris sont un groupement de personnes qui cherchent à agir pour la Terre et l'environnement, dont il existe apparemment un réseau en France. Il a été impulsé par Pierre Rabhi. 

"Colibris tire son nom d’une légende amérindienne, racontée par Pierre Rabhi :

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »

Et le colibri lui répondit :« Je le sais, mais je fais ma part. »"

A Lyon, que j'ai envisagé sur ma liste de "destinations finales", je découvre, malgré la belle soirée bières au bord du Rhône, que je n'ai pas envie de renouer avec la grosse ville, il me faudra un gabarit de ville en dessous pour élire domicile. Je lis en me bidonnant " la femme parfaite est une connasse" et part pour Bourg d'Oisans où j'ai rendez-vous avec mes coéquipiers de randonnée. 

Notre campement parait insolite: ma mini tente fait sourire, Aurélien dort sous un tarp (sorte de bâche), Mathieu dans une grande deux places Ferrino et Benoit et Nico, les deux initiateurs, se partagent une deux place deux abides. Chacun sa maison à son image. Au menu: aligot-saucisse en provenance directe du Cantal! Ah mais elle commence bien cette rando!

Si j'avais su!

Dix jours de randonnée intensive sur l'un des GR (sentier de Grande Randonnée) les plus difficiles de France! Je suis partie la fleur au fusil, ou plutôt la myrtille sur le bâton de marche. Dur, dur. 

Dire que la météo n'a pas joué en notre faveur, c'est un euphémisme. Parce que marcher des heures avec 2cm de flotte dans des pompes trop serrées après 10 heures de marche, c'est juste légèrement inconfortble. Parce que monter la tente sous la pluie après 9 heures de marche, ça a tendance à agacer même les plus calmes. Parce que se faire fouetter le jambes par la grêle ne ressemble en rien à un massage balnéo! Parce que 6 degrés en plein jour sous l'averse, début août, ça ne donne pas vraiment envie de marcher. Parce qu'entrer dans une tente innondée et écoper celle-ci à minuit sous les éclairs, n'incite pas au sommeil du juste. Heureusement, on a quand même eu du beau temps sur la fin. Et puis, cela fait partie des aléas de la nature. 

En matière de rythme, j'avais raison de me méfier de quatre hommes motivés. Au bout de 3 jours d'entrainement commando, j'ai dévalisé une pharmacie en me traînant litéralement sur la route pour faire le dernier kilomètre. Bandage pour les genoux, compresses antiinflammatoires pour les tendons d'achilles, compeed et pansements secs pour les orteils et le dessous des pieds et ibuprofène pour les maux de tête et les élancements articulaires, les échauffements et autres douleurs diffuses. En plus de l'achat de chaussettes double épaisseur dont je ne suis pas convaincue de l'efficacité. Des journées d'environ 8h ou 9h de marche avec un culminant à 10h pour moi. Nous avons fait une petite journée de 7h après avoir revu le programme! 1800m de dénivelé positif et 1000m de négatif le même jour associé à un passage dans le schiste assez périlleux! De la randonnée de détente vous dis-je!

La randonnée, c'est une activité de loisirs. C'est aussi une occupation de masochistes qui se bousillent les articulations et les pieds sur des chemins d'altitude. J'ai morflé. Heureusement que j'avais fait le tour du monde avant! L'expérience qui m'a servie, c'est celle de la détermination à y arriver et à finir. Avancer. Comme un écho à mon voyage, je me suis souvenue de la force de mon mental pour compter sur moi-même. Pendant la randonnée, j'étais cependant rarement seule. Benoit ou Aurélien m'ont accompagnée et attendue souvent. Mais la route a été rude et pénible. J'ai vécu ces moments où la volonté pousse le corps et repousse les limites du physique. Sans doute une expérience que vivent souvent les sportifs. Sans doute, sauf que je ne suis pas venue faire un exploit sportif mais une randonnée, bordel!!!

C'est tout moi ça. Mais je l'ai fait. 

Il y a, dans cette expérience, tant d'autres choses qui ont joué! Du début de la randonnée où nous ne nous connaissions pas les uns les autres à la fin où nous avions nos "private joke", et chacun se taquinait sur un sujet de la semaine. Nous avons partagé les repas, les rires, les soirées, les pauses, les paysages sublimes, les myrtilles, les merises, les framboises, les mûres, les champignons, les fraises des bois! Au fur et à mesure, s'est créé un esprit dans le groupe, qui était rassembleur. A tel point que le jour où j'ai décidé de faire ma route de mon côté et de laisser filer ces messieurs loin devant, je les ai rattrappé et rejoins pour ne plus les quitter. Faut dire, comme par hasard, ils ont choisi le jour où je fais scission pour marcher plus lentement! Et j'avoue qu'ils s'occupaient beaucoup de la popote. Cependant, je tiens à préciser que, comme ils arrivaient une heure avant moi, ils avaient le temps de monter leur tente, préparer le bivouac, se sécher, se reposer, observer le paysage avant que je les rejoigne pour mettre les pieds sous le tarp. En effet, nous avons pris l'habitude de diner sous l'abris d'Aurélien.

Dans l'histoire, j'ai beaucoup aimé les moments où nous marchions ensemble (c'était le concept de base en plus), et les lieux insolites où nous nous sommes retrouvés, au beau milieu de la montagne sévère, imposante. Bien entendu, j'ai apprécié la rencontre avec mes coéquipiers. De nouvelles personnes, de nouveaux horizons, des milieux différents. 

Chacun sa personnalité, chacun sa place dans le groupe. Un équilibre assez correct finalement, même si j'ai fait le boulet, même si j'ai failli faire éclater le groupe en partant de mon côté à mon rythme. J'ai l'impression que cette décision a remis un peu de modération dans les objectifs de route du début. Si bien qu'à la moitié du parcours, j'ai senti un changement de rythme, le groupe de tête nous attendant régulièrement, Aurélien et moi. J'ai ainsi plus apprécié la marche en elle-même, d'autant que simultanément, mes ampoules aux pieds ont commencé à me faire moins mal, que le temps s'est fait plus beau et que les heures de marches ont progressivement diminué.

Pour le planning:

J1: Bourg d'Oisans- Clavans

     Marche: 8h30 / dénivelé positif : 1300m / dénivelé négatif : 700m

J2: Clavans- La grave

     Marche: 6h30 / D+: 1100m / D- : 850m

J3: La grave-Monetier

     Marche:9h / D+: 900m / D- : 900m

J4: Monetier - Vallouise

     Marche:8h / D+: 980m / D-: 1200m

J5: Vallouise- A côté du refuge de la Chaumette

     Marche: 9h / D+1140m / D- : 930m

J6: Chaumette- A coté de la chapelle en Valgaudemar

     Marche: 10h10 / D+ : 1140m / D- : 1900m

J7: La chapelle- Avant le désert en Valjouffrey

     Marche:10h / D+: 1800m / D- : 1000m

J8: Valjouffrey - Valsemestre

     Marche: 7h / D+ :1030m / D- : 1600m

J9: Valsemestre -Lac Lauvitel

     Marche: 8h30 / D+ : 1690m / D-: 1500m

J10: Lac de Lauvitel - Bourg d'Oisans

     Marche: 3h15 /  D-: 800m

Tous les matins, j'étais réveillée la première, entre 6h et 6h30. Plusieurs fois, j'ai eu la chance de voir le lever de soleil sur les montagnes, d'observer le jour manger la nuit, effacer l'obscurité pour illuminer les pics rocheux et la nature splendide. Les rares nuits où il n'a pas plu, j'ai observée le ciel brillant. D'autres plus téméraires, se sont lancé dans de la marche nocturne. J'aime beaucoup pisser la nuit sous les étoiles, c'est assez féérique de se sentir un peu plus seule au monde, protégée par le noir.

Chacun se levait à son rythme, mangeait son petit déjeuner dans le silence des matins brumeux et humides. Nous avons bivouaqué dans des lieux sublimes, mais aussi dormi dans des campings, cernés de caravanes. Nous avons mangé simple, mais en grande quantité! Nous nous sommes offert quelques repas régénérateurs en refuge dont une comtiflette qui a laissé de bons souvenirs!

En arrivant à Bourg d'Oisans, le dernier jour, j'étais euphorique, en meilleure forme que le premier jour. Je l'ai fait, je l'ai fini.

Au final, je ne retire aucune fièreté particulière de l'avoir fait en 10 jours, mais je suis contente d'avoir terminé le tour avec le groupe. Je sais désormais de quoi je suis capable, même si... Plus jamais ça! A la fin de la randonnée, je me sentais prête à entrer chez les chasseurs alpins! 

Aurélien et Mathieu sont partis le lendemain et je suis restée à Bourg d'Oisans avec Nico et Benoit. J'en revoulais! Du rab'! Encore! Ils m'ont emmené faire une via ferrata. C'est un parcours en montagne qui est sécurisé, on est équipé d'un harnais et l'ont évolue sur la paroi rocheuse plus ou moins pentue, les passages un peu difficiles étant muni de barre pour s'agripper. Cette activité me faisait envie depuis longtemps et me voilà lancée. Un grand plaisir. Je me suis éclatée au dessus du torrent, sans jamais avoir peur. Il a fait beau, c'était formidable. J'ai mieux aimé encore que l'accrobranche. Là, on est fixé au dessus du vide, au milieu de la montagne, c'était fabuleux. A tel point que j'en ai redemandé, et j'ai accompagné mes coéquipiers sur la seconde via, très légèrement sportive: "passages très athlétiques" "réservée aux spécialistes" "aucune échappatoire" a-t-on pu lire sur le panneau... Après l'avoir finie! Ascension le long d'une cascade, avec des passages aériens splendides. J'ai adoré!

Je quitte mes nouveaux amis enchantée et épuisée. La vie est pleine de rebondissements, et tant que ceux-ci me sont favorables, je les accueille avec plaisir. Il y a tant de mésaventures dans la vie qu'il vaut mieux saisir les belles choses quand elles se présentent. Alors, ayant eu Michel au téléphone, je le rejoins à côté de Chambéry pour... Une randonnée dans le massif de la Vanoise! Et c'est reparti pour 3 jours de marche. Je me croyais aguerrie, mais une journée de repos a brisé mon corps qui s'est laissé envahir par la fatigue. La reprise est incroyablement pénible alors que nous ne faisons pas plus de 6h de marche et un col par jour! Nous aurons un peu de pluie deux soirs, mais dans l'ensemble, cette randonnée me parait ultra paisible après les 10 jours dans les Ecrins.

Me voilà venu à bout de moi-même. J'envisage la fin de toute cette itinérance pour bientôt. J'ai envie de poser mes bagages. Entre temps, je trouve le temps d'aller à Vienne, à Annecy, à Chambéry, à Grenoble, à Tours, à Lyon et d'atterrir à Paris. Allez-vous rire ou vous étonnez? Je repars en rando dans deux jours!

Mais le bout du bout arrive, je ne suis bientôt plus une nomade, j'ai trouvé à poser mes bagages!

 


 


 


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17 juillet 2014 4 17 /07 /juillet /2014 16:38

Partie 3

 

Dernier montage vidéo sur mon tour de Bretagne

De lanildut à Paris

http://youtu.be/w1gGCOuwsfg

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17 juillet 2014 4 17 /07 /juillet /2014 16:28

 

 

Après un copieux petit déjeuner « typiquement français » selon les Écossais, nous finissons de boucler nos sacs. C’est dans la douceur des belles rencontres que je quitte mon hébergeuse. Comme il n’y a pas de hasard dans la vie : Virginie retourne dans l’Aveyron, et prend une covoitureuse avec laquelle je parle le temps de charger les bagages. Cette Espagnole me voyant avec mon vélo me confie qu’elle va partir en tandem avec son ami pour l’Allemagne ! Je lui dis que c’est une coïncidence heureuse, Virginie adore le tandem et en possède un ! Rosie, une copine de Virginie qui a été hébergée aussi a dit aux trois couchsurfers qu’il y avait un festival folk dans le sud, du coup, Jerry changeant ses plans le matin même, décide de partir avec Virginie pour le Folkbal ! C’est tout ce que j’aime. Le monde est si petit lorsque l’on voyage.

Ce matin-là, j’appelle Nathalie afin de la retrouver dans la journée. Cette comédienne fait le tour de Bretagne à vélo tout en se produisant en musique ou en clown. Le premier contact rapide m’a plu, et prendre le temps de parler avec ma première cyclorandonneuse me fait envie en plus de l’écouter chanter.

J’avais envisagé de partir pour Crozon. Il y a deux services, l’un à 9h30, que je rate largement et l’autre à 17H30 que je pense pouvoir prendre en fonction de ma rencontre avec Nathalie et du potentiel programme. En attendant notre rendez-vous, je cherche un endroit pour stocker mes sacoches. La vie dangereuse et moderne de nos cités françaises interdit les villes de posséder des consignes. Mais, à l’office de tourisme, on me dit qu’il y a des petites consignes à l’entrée du Leclerc.

Sur la route, je rencontre des Allemands qui font le tour de la Bretagne dans l’autre sens. Ils parlent bien français, mais nous n’échangeons pas plus que nos itinéraires respectifs et nos météos.

Le magasin Leclerc est facile à trouver sur la rue commerçante où passe le tramway. En plus, j’avais quelques courses à faire car je dois renouveler fromage, saucisson et céréales, la base de mon alimentation. En garant Viktor, un homme qui range aussi son vélo me demande si j’arrive de Chine avec mes sacoches ! Il n’est pas loin de la vérité avec sa blagounette ! Parce que je les rapporte quand même d’Indonésie, et elles ont été fabriquées en Chine ! Nous entamons ainsi une longue conversation avec Yannick, le Brestois chômeur, éducateur, voyageur, cycliste. Il me tanne de questions sur mon voyage, perturbant un peu mes courses, mais passionné par le vélo et les vadrouilles à petit budget dans le monde.

Au sortir des courses, il me propose de déjeuner chez lui. Il habite dans un quartier excentré, mais facile d’accès à vélo. J’hésite. Il me faut toujours faire cette balance intérieure de la potentialité dans la rencontre avec l’inconnu. Qu’est-ce que je risque ? Comment je sens la personne en face de moi ? Ai-je envie de déjeuner avec lui ?

Alors, hop, je ressens ce besoin de renouer avec le rythme de l’itinérance et de l’imprévu qui m’a guidée pendant un an. Il a un monde à lui, Yannick, un peu décalé, un peu hors de la réalité standardisée française, naïf sûrement, mais joyeux et spontané ! Alors, il me réchauffe un plat dans son mini appartement foutoir, en s’excusant d’être célibataire et en me parlant de la Thaïlande, du Pérou, et du Ladakh !

Rencontres improbables de ces êtres de tous horizons qui n’auraient jamais croisé ma route parisienne. Ce que j’aime dans le voyage, c’est faire connaissance avec des personnes de tout corps de métiers, avec des histoires de vie variées, d’âges extrêmes. Yiyi, la petite fille unique chinoise de 5 ans qui fait le tour d’Asie à vélo avec son papa ; Pam, la libraire psycho-anthropologue américaine de 71 ans qui a fait le tour du monde à la retraite en mode routard ; Enrique, mon buddy espagnol de plongée qui a quitté son boulot d’ingénieur pour faire le tour d’Afrique et s’installer à Mada ! Charleshan, le hollandais à la barbe à couette rempli de bonne humeur lors de longues causettes birmanes; Matthieu, un rennais, chercheur à l’université à Londres qui vient étudier les bactéries zambiennes…

En quittant, Yannick, je suis contente de cette pause déjeuner sympathique, moi qui pensais manger un pauvre sandwich sur le port ! Puis, je rejoins Nathalie devant l’hôtel de ville de Brest. Nous faisons mieux connaissance, et la première impression positive se confirme. Nous échangeons sur nos expériences à bicyclette mais aussi sur nos voyages, et sur son métier de chanteuse et clown et tant d’autres choses. J’ai encore plus envie de l’écouter chanter. Je vais tenter de trouver un hébergement pour la nuit et reporterai mon départ au lendemain. Qu’importe le temps lorsque l’on a la vie devant soi.

Faire marcher mon nouveau réseau brestois me prend quelques heures : je demande à Virginie les coordonnées de ses amies, elle m’envoie le numéro de Rosie, qui me donne celui de Gwénolé, qui me dit que je peux dormir chez lui. Le logement réglé, je m’en vais prendre une Coreff (bière bretonne) au café de la plage en attendant Nathalie. Nous sommes rejointes par Gwénolé et Annaig, nos hébergeurs respectifs.

Nathalie chante quelques jolies chansons, soit dont elle est l’auteure, soit des reprises que j’aime beaucoup. Une dame parle d’une chanson qu’elle aime bien de Bourvil, et Gwénolé entame « la tendresse » que je découvre avec surprise et plaisir.

 

La tendresse de Bourvil

https://www.youtube.com/watch?v=f12hdPHGXf8

 

Puis, je pars avec Nathalie pour une visite de Brest qu’Annaig traduit en langage des signes. Me voilà en balade à travers les quartiers est de la ville, entourée de brestois. Il est presque 23h lorsque la marche s’achève, et Gwénolé vit exactement à l’opposé ouest, sachant que j’ai laissé Viktor dans le bar au centre-ville. Ça va être l’expédition ! Mais, Annaig me propose de manger et dormir chez elle non loin de là, dans le quartier du Moulin Blanc. J’accepte volontiers, car j’aime beaucoup la fraicheur et la spontanéité de cette Bretonne dynamique et multilingue. Nous passons la fin de soirée chez elle avec Nathalie, à parler langages, culture, musique de Bretagne et de Navarre, de voyages et de découvertes en buvant du vin et en mangeant le bon repas improvisé par mon hébergeuse.

Encore une fois, je m’endors avec cette chaleur au cœur, celle qui vient de la convivialité, de la beauté humaine.

Le réveil tardif du lendemain m’offre le privilège de partager le petit déjeuner avec Nathalie qui me chante encore quelques compositions. Avant de la quitter, je lui confie que l’une de mes chansons quotidiennes de mon périple à vélo, fait partie de son répertoire : « chantons pour passer le temps ». Elle est très surprise, car c’est une chanson peu connue et qui raconte l’aventure de ces femmes qui se travestissaient pour s’engager à bord des navires. Notamment, elle me parle d’une héroïne enterrée rue de Saint-Malo à Brest dont ce serait l’histoire. Nous trouvons la coïncidence jolie comme lien dans notre rencontre. Je n’aurais pas l’occasion de l’écouter chanter au Lavomatic tour de Brest, concept d’une scène ouverte mensuelle dans les laveries, mais pourquoi pas une occasion sur Paris ! Le monde est tout petit pour les bouffeurs de vie !

En route ! Je récupère Viktor qui a passé la nuit au bistrot, le sacré, telle cycliste, telle bicyclette ! Puis, nous descendons au port prendre nos billets de ferry pour Crozon. Je passe l’après-midi au soleil sur le port en chantant et en mangeant. Un père et son fils espagnol prennent le bateau eux aussi avec leur vélo, mais sans m’adresser la parole.

 

Débarquée au Fret, je roule pour Camaret où je sais le camping municipal peu cher. J’arrive un peu tard. La saison a vraiment commencé et il y a une grande quantité de tentes et de caravanes. C’est étrange comme on prend goût à l’espace. Mais planter ma maison à côté d’autres, ça ne me plait guère. Tant pis, je finis par trouver un endroit pas trop collé à mes voisins, je me positionne en direction du vent pour que la toile extérieure ne touche pas celle du dessous et qu’en cas de pluie, je ne sois pas inondée… Je ne le regretterais pas la nuit suivante.

 

Le monde est tout petit, si petit. En revenant des sanitaires, je vois mon voisin de tente debout, les bras croisés, dans une expression qui ne m’est pas inconnue. Tout à coup, je l’ai : mais c’est mon chef ! Je rencontre mon ancien cadre des urgences à Paris ! Je le savais breton et à la retraite, mais le trouver là, dans ce petit camping du Finistère ! Qu’elle est drôle la vie ! Il me demande des nouvelles de Clémence, mon amie et ancienne collègue de l’hôpital Bichat, partie à Haïti avec Médecin sans frontière. À propos de coïncidences… Mon amie Mireille, lorsque nous étions en Birmanie en novembre dernier, avait rencontré une femme, dont le fils travaille à Haïti… Avec Clémence. Si petit le monde, je vous dis !

Devant ma tente, je fais connaissance avec mon autre voisin, un Ardennais installé en Savoie qui fait aussi le tour de Bretagne à vélo et en voiture. Et fait, il s’installe quelques jours dans un lieu et fait des boucles autour, afin de ne pas avoir à porter ses bagages. Si bien que nous découvrons que nous avons séjourné dans les mêmes sites, mais pas au même rythme ! Apparemment, il aime bien les côtes, les « coupes-jambes » pour employer son expression tout à fait appropriée au relief breton. Mais bon, il fait du vélo en montagne, ça aide à être préparé au dénivelé ! Et puis, il n’a pas de sacoche ! A chacun sa manière de rouler ! Il rentre et nous n’aurons pas l’occasion de prolonger la conversation ou de partir pédaler un petit tour.

 

En préparant un peu mon tour de Bretagne, j’avais pensé faire de la plongée sous-marine. Après tout, pourquoi pas en France ! J’ai plongé en Afrique et en Asie, je me verrai bien tenter l’exploration des eaux bretonnes. L’occasion aussi de finir par une expérience nouvelle pour moi dans mon pays, et de faire le tour de la question en ayant achevé mon tour du monde.

Un covoitureur m’avait parlé de la baie d’Audierne, mais mon instructeur breton du Mozambique m’a recommandé Crozon. Renseignements pris, il semble que les règles de niveau françaises soient totalement différentes du système PADI américain qui m’a attribué mon niveau de plongée. Ça me contrarie, j’appréhende un peu que le fonctionnement soit différent, je crains d’avoir froid, et j’ai peur d’avoir mal à mon oreille droite. Bref, je recule, puis, je me lance après avoir tergiversé au fond de ma tente, je vais aller voir les fonds marins.

C’est intéressant de découvrir un nouveau club, un nouveau mode de fonctionnement, un nouveau rythme, une nouvelle ambiance. Rien à voir avec la décontraction mozambicaine ou la nonchalance thaïlandaise, ici, plonger, c’est une affaire très sérieuse (non que ce ne le soit pas ailleurs, mais pas avec le même état d’esprit). Il y a un type de 100kg, un grand baraque impressionnant qui porte au moins 5000 euros de matériel sur lui. Il y a toute une famille qui vient là pour plonger en autonomie, la mère avec la fille et le père avec le fils. Des experts qui plongent en autonomie. Rien à voir avec le débit des initiations thaïlandaises.

D’abord, on me demande mon niveau de plongée et certains font la grimace en entendant PADI. Un peu comme si vous dites que vous êtes médecin et que vous avez eu votre diplôme en Chine ou en Roumanie, on ne sait pas trop à quoi ça correspond, même si on se doute que vous avez déjà quelques connaissances. Finalement, on me fait plonger avec un homme qui vient de passer son niveau 1 français, et une accompagnatrice de niveau 4. Or, dans le sens inverse, tout ceci ne m’aidant pas plus qu’eux, j’ignore à quoi tout cela correspond !

Dans ce club convivial, une partie des moniteurs sont bénévoles. Jean-Piere, qui encadre les enfants, m’aide à m’équiper.

Enfilage de la combinaison : après un quart d’heure de tentative, je finis par demander la taille au dessus ! J’avais peur d’avoir froid, mais ici, on plonge avec du 6mm d’épaisseur ! À savoir que dans les tropiques, on plongeait avec du 3mm, mais que je me serais bien vue plonger en maillot de bain ! Et puis, il y a une capuche et on me file des chaussons ! Les pros de la bouteille, eux, portent carrément deux couches !

J’adore découvrir de nouveaux mondes, et celui de la plongée en est un passionnant ! Les modes d’embarquement sont tellement différents ! Après le Zodiac au départ de la plage, cheveux aux vents en Afrique, après le bateau à touristes où tout l’équipement est affrété par de nombreux Thaï, me voilà avec mon matériel sur le dos en train de traverser le port de Camaret pour embarquer sur l’ancien bateau de pêche. Je dois dire que j’ai réalisé combien c’était le luxe de plonger à Koh Tao !

Léger problème technique : ayant appris à plonger dans un contexte anglophone, je me retrouve perdue avec le vocabulaire technique français. « Tu sais gréer ? » Eux, pour moi gréer, c’est préparer le bateau, mais aujourd’hui, je ne fais pas de la voile, non ? Ah, ça veut dire : préparer le matériel avec la bouteille. « Si tu perds ta palanquée » Ô mon dieu, qu’est-ce que c’est que ce truc ! Apparemment, c’est quelque chose que je ne dois absolument pas perdre ! Ah, mais c’est mon buddy ! Bien sûr, mon coéquipier de plongée ! Mon double, mon secours en cas de problème ! Chacun fait sa « vérif » pour lui-même, on est autonome. Alors même que le matériel est un peu différent, je m’adapte, mais je suis un peu gênée de ne pas avoir le détendeur de secours ou le profondimètre intégré à ma veste…

Une des monitrices m’a bien expliqué qu’ici, point de couleur fluo ou de corail multicolore, mais des algues, des crustacés, des crabes, des bars et autres poissons de nos récifs français. Nous plongeons donc, hop, en arrière toute ! Jamais sauté de si haut, mais finalement, c’est très marrant. L’eau froide me saisit aux mains, mais je remercie la combinaison d’être si efficace ! La température doit être à 12 ou 13°, il y a du courant, c’est la marée basse, il y a 13 mètres de fond. Est-ce le froid ou le stress ? Je mets 3 à 4 minutes à passer les 5 mètres. Mon oreille droite fait de la résistance et ne veut plus décompresser ! Insupportable physiologie ou quand le corps ne veut pas ! Finalement, ça passe. Judith était sur le point de nous faire remonter. Ouf !

En route pour l’exploration ! De grandes laminaires marron et jaunes flottent, reliées simplement par leur racine à la roche. Je vois mes deux acolytes fouiller entre les pieds des algues. Je n’ose pas y mettre mes mains, je suis une bonne élève, et on m’a appris qu’il ne fallait pas toucher à l’environnement. Ici, on cherche, on farfouille, et je vois Judith sortir une araignée de mer qui a perdu une partie de ses pattes. Cette première expérience en Bretagne me donne un sentiment étrange que découvrir une nouvelle manière de plonger. Nous passons dans une cheminée entourée de verdure sous-marine, c’est comme un jeu. Nous découvrons un homard énorme qui garde sa cave, en se montrant dissuasif avec ses grosses pinces. Je croise un probable sar et sans doute tellement d’autres habitants qui échappent à mon regard néophyte. Les petits poissons, les étoiles de mer, les anémones et tant de vie discrète autour de moi ! C’est fascinant !

Au bout d’une demi-heure, il commence à faire froid malgré les protections, c’est le moment où nous remontons. Quelle affaire ! Ici, on monte à l’échelle avec palmes et bouteille au dos ! Pas de commis qui récupère l’équipement pour que l’on puisse monter à bord sans charge ! Qu’importe, je fais comme tout le monde en comprenant pourquoi il est recommandé d’être en bonne forme physique pour plonger ! Enfin, surtout pour porter le matériel !

De retour au port, je suis bien contente d’être allée jusqu’au bout. C’est ainsi, j’aime aller jusqu’au bout, au bout du monde, au bout des choses, et parfois au bout de moi-même. Il fait beau au retour, il fait chaud aussi. On nous met de la musique locale : les filles de Camaret…

 

Les filles de Camaret, chanson paillarde (et très très vulgaire attention les oreilles, à écouter jusqu’au curé qui a les c.. qui pendent)

https://www.youtube.com/watch?v=hzX5WEeMY0w


 

Ce soir-là, j’ai la sensation que j’ai tout fait. Je prends l’apéro en plein soleil et n’ai plus l’envie d’avancer. Je sens que mon voyage s’achève là. Je suis fatiguée, j’ai quelques courbatures. Demain, je rentre à la maison.

 

Samedi 12 juillet 2014

Encore dans l’ultime hésitation : continuer ou rentrer ? J’avais envie de voir le feu d’artifice à Audierne et de danser au bal populaire avec les pompiers ! J’avais envie de passer à Concarneau et de me racheter mes fidèles sandales dans cette petite boutique de la ville close ! J’avais envie de visiter l’usine du pâté Hénaff ! Si, si, ça se visite ! Je voulais passer à Riec, sur les traces de mes vacances de jeunesse ! J’avais prévu de faire un coucou à mon oncle et ma tante ! Je pensais manger les délicieuses crêpes à la Forêt Fouénant !

Ce matin-là, même la perspective de voir un feu d’artifice ne suffit pas à raviver la flamme de l’aventure. Je me réveille au sec, mais le temps de prendre ma douche, le crachin se lève et je plie ma tente mouillée. Je prends la décision de rentrer. Je pars sous la pluie, sans regret, direction Quimper, pour y chercher un covoiturage ou le train. La circulation est dense, et je réalise que c’est non seulement samedi, départ en vacances, mais aussi week-end de pont du 14 juillet. C’est bien ma veine, d’autant qu’il n’y a qu’une seule route principale sur la presqu’île.

Qu’importe, tout se fait. En passant par les petites routes, je rejoins Telgruc sur mer,  un désert breton morne et peu accueillant. Pour la première fois de mon voyage, n’ayant trouvé aucun habitant pour me donner de l’eau, je vais me servir au cimetière. On distribue de l’eau gratuitement pour les fleurs des morts, pourquoi ne servirait-elle pas aussi pour les vivants ! Puis, je m’installe pour déjeuner, dans le stade que je pense municipal. Or, une heure plus tard débarque un type très antipathique qui me signale que je suis dans un domaine privé. Après lui avoir expliqué que je pensais que c’était public, il m’explique comment reprendre la route d’une manière tout aussi froide, mais se voulant moins méfiante. Il me dit qu’il a eu raison de faire des rondes dans le stade, car il y a des intrus qui viennent, et comme il fait partie du bureau, il vient surveiller. J’avais envie de lui dire qu’il fallait simplement fermer les grilles de l’entrée peut-être…

Laissant avec soulagement cette commune mortelle, et pas uniquement parce que j’y ai pris l’eau au cimetière, je reprends la route dans la grisaille. L’espace d’un instant, j’hésite entre Quimper et Douarnenez : gauche ou droite, puis continue sur le chemin du retour.

Mon rythme est bon. Peut-être parce que je suis grisée de rentrer définitivement. Peut-être sans doute parce qu’il pleut et que je veux arriver rapidement. Peut-être parce que j’ai vraiment acquis un bon rythme et qu’enchaîner les côtes et les pentes n’a plus de secret pour moi. Quoi qu'il en soit, j’arrive lessivée à Quimper.

Cette espèce de pluie très fine m’empêche de porter mes lunettes, que cependant, je conserve lorsque je roule sous averse. Mais, dans le cas présent, les gouttes si légères sont projetées de je-ne-sais-où, et finissent par envahir mes verres. Je dois donc retirer mes lunettes de soleil, alors que la luminosité grise me gêne et que le vent par 40km/h est impitoyable au niveau brûlure oculaire. Car oui, je gagne cette vitesse à peu près à chaque fois que je descends une pente, ce qui arrive vraisemblablement toute la journée. Les côtes sont une autre affaire, et selon l’inclinaison et ma motivation, je peux monter à 5 ou 10km/h, mais toujours sans mettre le pied par terre avant d’avoir atteint l’autre versant !

Une table abritée face à la cathédrale m’offre une place de rêve à mon arrivée. J’ai mal aux yeux, j’ai froid, j’ai faim, j’ai mal aux jambes, je suis imbibée par cette humidité vicieuse et me change dans les toilettes du café. Une bonne bière pour me mettre en état de marche et on verra pour la suite. Le covoitureur que je convoitais ne répond pas pour savoir s’il voudrait bien prendre Viktor dans son véhicule. J’attends une éventuelle acceptation auquel cas, je partirais de nuit et arriverais à Paris tôt le matin.

Entre temps, la dame à la table à côté de moi entame la conversation. De fil en aiguille, cette Parisienne native de Quimper me parle de voyage, de Birmanie, de couchsurfing et de médecine, qu’elle exerçait en tant qu’ophtalmologue. Je lui demande si elle connait une bonne crêperie, et me voilà en compagnie de Marie-Thérèse et son mari à manger des crêpes de sarrasin. Comme je m’apprête à les quitter après ce bon dîner afin de trouver un lieu pour la nuit, elle m’invite à dormir chez eux. Ainsi, je me retrouve dans une charmante maison quimpéroise hébergée par un couple de retraités fort sympathique. Tout cela me plait bien, et je me plais à penser que j’ai bien fait de décider de rentrer pour vivre cette rencontre. Si l’Indonésie et la Thaïlande ont été les pays où j’ai été le plus accueillie chez les habitants, il ne sera pas dit que je n’aurais pas été aussi reçue spontanément en Bretagne !

Quand je vous dis que le monde est tout petit : mon chirurgien-ophtalmologue est un ancien interne à elle, et nous avons été opérées par le même chirurgien ORL, à 20 ans d’intervalle !

Le lendemain, je m’en vais chercher mon billet de train pour Paris. C’est une vraie galère les transports en France. En plus du type au guichet qui est aimable comme une porte de prison, je me retrouve à devoir lâcher trois fois le prix que j’ai payé à l’aller. Je craque. Pays de merde ! Ils ne veulent pas que je rentre chez moi ! Il faut être riche pour faire 600 bornes dans cette foutue France ! Comment je fais ? Non, je réfléchis, je n’ai pas d’autre alternative. Bien sûr, je peux aussi rentrer à pied ! Quand j’étais jeune, il n’y a pas si longtemps que cela, il existait des vieux trains qui allaient très lentement, qui s’arrêtaient à tout un tas de gares aujourd’hui disparues, mais qui ne coutaient guère que le prix que des gens de classe moyenne pouvaient payer. Aujourd’hui, rejoindre Paris autrement que par un TGV est impossible. Aujourd’hui, il n’existe aucun bus qui parte de Brest ou Quimper pour relier Paris. Parce que payer 130 euros pour 5h de train, ça revient à 26 euros de l’heure, c’est plus cher que d’aller chez le médecin ! Et ce n’est pas remboursé ! Cela veut dire que si l’on a de la famille loin au bout de la France, on paie un cinquième de Smic pour dire que l’on fait comme tout le monde et que l’on va rendre visite à ses parents pour un week-end. Vous me direz, on a de la chance que le Smic existe dans notre pays ! Ben avec des tarifs de service public prohibitifs comme ceux-là, il y a intérêt oui ! Il n’y a pas de concurrence, et il n’y a aucune autre alternative. À moins d’avoir une voiture personnelle… Pays de riches !

Après de longs mois de voyage, je croyais mon esprit apaisé, mais je pense que c’est peut-être bien plus la vie française tout court qui rend fou que la vie sédentaire !

Tenez, j’ai reçu un relevé pour racheter mes années d’études d’infirmière. Un avantage certain, puisque cela comptera pour ma retraite que je ne toucherai sans doute jamais au rythme où avancent les déficits. Qu’importe, éventuellement, cela me fera travailler jusqu’à 67 ans au lieu de 70 ans… Quoi qu'il en soit, la base de calcul est 1480 euros, le salaire d’une jeune infirmière en 2009. D’abord, je m’étonne que l’on me compte que 36 mois d’études, alors que j’en ai fait quasiment 39. Mais je lis une note : « la durée de l’enseignement sanctionné par le diplôme d’infirmière est fixée à 3 ans »  par la caisse nationale des retraites. J’espère que cette caisse de retraite ne fait pas ça à chaque emploi. Imaginez : vous travaillez 39 ans, mais on vous en compte que 36 !!!

Ensuite, je me rappelle de ce salaire de base. Ah le calcul du salaire hospitalier ! Je gagnais plus que 1480 euros/ mois, car je touchais une prime de « début de carrière », une prime de « travail dangereux » (vive les urgences), une prime de résidence » (merci la vie à Paris), une mystérieuse prime d’ « infirmière », ainsi que l’indemnité pour les deux dimanches travaillés obligatoires. J’avais l’illusion de gagner correctement ma vie, bien que je n’aurais pas pu trouver un logement seule intramuros. Pour avoir voyagé, un peu, je peux vous dire qu’il y a des pays où les infirmières sont payées et reconnues comme des médecins… Bientôt, en France ?

 

Certes, je râle ! Je retrouve mes mauvaises habitudes franchouillardes et mon pays. Parce qu’il est comme ça et je n’y changerai pas grand-chose. C’est comme la famille et les amis, ils sont ainsi, mais c’est comme ça que je les aime.

 

De retour à Paris vers 23H, je roule à toute allure dans les rues désertées par les fans de football et les amateurs de bal des pompiers. Je chante à tue-tête et descends les boulevards Port-Royal et Saint Marcel. Je suis la reine de Paris. Je rentre à vélo et entière ! Le lendemain, je pars pour la maison de mes parents. Je trouve la route bien plate, aucun effort. Finalement, je réalise que je n’ai jamais roulé aussi vite. La Bretagne, c’est vraiment bien vallonné ! Je débarque chez mes parents qui m’accueillent surpris avec ma sœur, les mêmes qui étaient présents il y a un an à l’aéroport pour mon départ !

 

Cette fois, c’est sûr, je vais pouvoir poser mes bagages. La tortue range sa maison mobile !

 

Ainsi s’achève le 14 juillet 2014 mon voyage dans le monde qui débuta le 28 juillet 2013 à Roissy.

 

 

 

 

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15 juillet 2014 2 15 /07 /juillet /2014 17:28

De Landéda à Brest, retour aux sources, partie 3

En longeant l’Aber Benoit, les odeurs de sous bois humide me plongent dans des souvenirs lointains de mes vacances en Finistère Sud. Je sniffe ces senteurs de fougères, de bords de rivière marine, de vase de fond de crique qui n’ont aucun mystère pour moi. C’est chez moi ici, je l’avais aussi oublié. Il fait beau, le vent frais m’emporte dans mes pensées, et je sens que l’air breton me fait du bien à l’âme.

Deux cyclistes m’indiquent le site de l’Amoco Cadiz, et je fais un détour à Portsall pour y voir l’ancre et le rivage. Mais c’est un peu comme allez dans un cimetière militaire, c’est une visite de mémoire, il n’y a plus grand-chose à voir. J’enchaine les côtes. Un vieux cycliste me croise en me criant : « c’est bon ! c’est bon ça ! » genre : « courage et bravo ! » Un autre me demande si je n’étais pas embêtée, si je suis toute seule et quel est l’homme qui me laisse partir toute seule sur la route! Ah ben oui, ça alors, je me le demande ! Il est où cet homme invisible qui est sensé veiller sur moi depuis mon premier voyage en solo en novembre 2003 ?

Avant Argenton, je passe devant une côte sublime. Je fais une pause à Porspoder et finis ce soir-là ma course à Lanidut. Je sais qu’il est prévu de la pluie. Voilà dix jours que je roule. Je décide une pause de luxe, et plutôt que de prendre un hôtel cher, je trouve une alternative tout à fait agréable sur le camping. Je me prends une grande tente en dur avec lit, table, chaise, micro-ondes, électricité et vaisselle. Une petite maison pour moi toute seule, bien mieux qu’une petite chambre d’hôtel pour moitié prix ! J’y élis domicile pour trois nuits, car il se met à pleuvoir pendant 24 heures. Autant, rouler sous une averse, je l’assume complètement, autant, avancer sous des heures et des heures de pluie, c’est à décider de rentrer à la maison. D’ailleurs, le deuxième jour, j’hésite à prendre le train pour Paris. Mais comme le soleil s’annonce de nouveau, je reprends la route après cette pause régénératrice.

Pendant ce temps, j’ai écrit, classé mes photos et regardé de plus près mon futur itinéraire. Prochaine étape : Ouessant. Des années que j’en entends parler, il est temps d’aller y faire un tour. L’idée de rejoindre le point le plus occidental de France et d’Europe me plait bien. Un peu comme une boucle après avoir été à l’autre bout du monde.

 

Il me faut arriver au port du Conquet avant 11h20 pour embarquer. Il y a 25km, mais je ne sais pas quel sera la difficulté du dénivelé jusque là-bas. Je pars vers 9h et je trace au maximum. Je roule bien. Motivée par tous les cyclistes que je croise ce matin-là. Nous sommes dimanche, et ils sont enfin là ! J’en vois plus en une heure que pendant tout le début de mon voyage. Il y a même un monsieur qui, en me doublant, me dit que j’ai un bon rythme malgré ma charge. Du coup, je roule à bonne allure. Je force un peu sur mon genou, mais tant pis !

À bord du bateau qui m’emmène sur l’île, je me sens bien. Je ne resterai qu’une journée sur place, mais je suis contente d’arriver là.

Au bout.

Enfin, je mets le pied sur l’île d’Ouessant. Il pleut juste sur moi, mais je vois qu’à l’ouest le ciel bleu m’appelle. Au bout d’un kilomètre, je suis en plein soleil. Je roule vers Lampaul, le village principal. Au bord de la mer, avant de trouver mon site pour la nuit, je me pose pour manger mon sandwich. Un groupe de randonneurs s’installe à côté de moi pour déjeuner. Les femmes sont de Corseul, le village à côté de chez ma grand-mère. Elles parlent avec un fabuleux accent breton qui me plait. Un de leur compères est un cycliste chevronné et vient mater Viktor puis, me donner quelques conseils. Ce qui est drôle, c’est qu’entre cyclistes, on se tutoie ! Un peu comme entre infirmières, ou entre voyageurs, ou entre plongeurs.

Un peu plus tard, je m’installe dans le camping municipal, Penn ar bed («  le bout du monde »). Encore une fois, des tentes de quatre personnes déjà installées sont prêtes à l’usage. Il n’y a personne dedans et pour 50 centimes de plus, je n’ai pas à planter ma toile, j’utilise toute la place et gare même Viktor à l’intérieur à l’abri. Ça me rappelle les tentes que l’on utilisait aux Glénans pendant mon stage de voile, il y a plus de 10 ans !

Une belle balade sur l’île, qui me mène jusqu’à l’extrémité ouest. J’y suis : le bout des terres avant l’Amérique. Quelque part, j’ai une impression confuse d’arriver à la fin de mon périple. Je vais pouvoir me reposer après ce long voyage. L’idée de repartir vers l’est ne m’enchante guère.

C’est dimanche soir, je trouve une crêperie assez correcte ouverte et me remplis le ventre de galettes et de cidre. Si bien que j’abandonne mon projet d’aller admirer le coucher de soleil à 3km de là. Bien m’en prend, car une heure plus tard, les nuages arrivent avec la pluie et je n’aurais pas eu la vue sur l’horizon dégagé. Je prends une douche chaude. Ici, il faut payer le jeton de douche 1,50 euro, mais il n’est pas possible de ne rien payer pour avoir une douche froide. En gros, soit on prend une douche chaude, soit rien… Donc, j’ai pris le jeton en faisant la grimace, et je la fais encore plus lorsque je me rends compte que l’eau coule interminablement (7 minutes) et que ma toilette est terminée bien avant la fin du temps réglementaire. C’est un détail, mais cela m’a contrariée d’avoir payé cette douche chaude en supplément, alors que dans d’autres endroits, elle est incluse dans le prix de la nuit, surtout si on n’a pas le choix avec une douche froide. D’autre part, j’aurais largement pu partager mon jeton avec quelqu’un vu la durée du jet. J’étais contrariée de laisser la fin de mon jeton inutilisée, d’un autre côté, je ne me voyais pas rester 3 minutes de plus sous l’eau chaude uniquement pour dire que j’utilisais mes 1,50 cents payés jusqu’au bout! Après ça, j’ai croisé des campeuses qui se prenaient deux jetons chacune.

Le camping est tenu par des jeunes de l’île. Ici, on peut aller jusqu’au collège ! J’imagine que les professeurs ne doivent pas trop se plaindre de leurs classes… Le soir, la jeune fille me dit qu’il y a un veilleur de nuit. J’attends de la voir. Je suis parisienne moi ! Un veilleur de nuit, c’est un grand black de chez Sécuritas qui arrive en treillis avec son chien ! À Ouessant, je vois un étudiant breton en claquettes qui apporte son ordinateur pour regarder un film et qui est venu à vélo, car il habite au bourg… Il y a des gens encore qui vivent à l’année dans cette île où la vie fût réputée si difficile.

Le lendemain, il fait beau mais venteux, ce qui me coupe l’envie de me baigner. Je pars marcher. Les bords de mer sont ravissants, et je cours dans les hautes fougères, esquivant les ronces et les chardons. J’ai du mal à imaginer les randonneuses cinquantenaires passer par là. D’ailleurs, je lirai plus tard des plaintes de celles-ci dans le cahier de l’office du tourisme, sur le manque d’entretien du GR. Mais, moi, je me prends pour Laura Ingles et gambade dans la lande, solitaire et grisée par le vent, les cris des oiseaux et le bruit de la mer.

À mon retour, j’évite de peu une averse puis me rends au camping où a débarqué une colonie d’une cinquantaine de mômes. Mes chaussettes roses que j’avais fait sécher sur un fil ont disparu. Dommage, je n’en avais que deux paires, je n’en aurais plus qu’une.

En préparant Viktor pour notre départ, je rencontre deux cyclorandonneuses de Cholet. Elles voulaient aussi faire le tour de la Bretagne en visitant toutes les îles mais sont rappelées chez elles pour affaires personnelles. Elles me parlent avec plaisir de leur voyage à travers la forêt noire et jusqu’à la Roumanie. Elles me font presque rêver, et j’entrevois l’espace d’une seconde l’itinéraire d’un nouveau trip à vélo en Europe. Leur équipement haut de gamme m’épate. L’une d’elles a connu Ouessant il y a 30 ans et me dit que l’île a changé, qu’il y a bien plus de maisons, mais qu’à Molène, le tourisme est moins développé, il n’y a rien et qu’il est facile de faire du camping sauvage. De toute façon, il n’y a pas de camping ! Je les retrouve sur le bateau pour Brest. Nous quittons Ouessant à 17H30 et devons relier la rade vers 19H30.

Toujours par warmshowers, j’avais contacté Virginie qui vit à Brest. L’idée d’être hébergée chez quelqu'un surtout en ville me parait vraiment intéressante, car il n’y a pas de camping ! J’attends donc la confirmation de mon éventuelle hôte qui héberge déjà des personnes chez elles. Elle me propose soit de dormir dans son salon, soit chez des amis cyclistes à elle. Si j’arrive tard, ce seront ces amis d’amis couchsurfing (hébergement de voyageurs du monde entier) qui m’ouvriront la porte, car elle-même sera au travail. Et le soir, ils iront à un pub pour une soirée de musique bretonne. L’autre option, c’est de me rendre chez ce couple cycliste en périphérie de Brest. Je n’hésite pas longtemps lorsqu’elle me parle de soirée au pub avec musique, à lui confirmer que je dormirai chez elle dans son salon avec les couchsurfer!

L’arrivée sur Brest est impressionnante. Je reconnais bien le port. On décharge Viktor en dernier et c’est vers 20h que je me rends en ville. Je n’avais pas du tout demandé à Virginie de m’héberger à cause de sa localisation, mais il se trouve qu’elle habite en plein centre-ville. Je suis chez elle en quelques minutes.

Je sonne à l’interphone. J’entends un pur accent anglais essayer de me dire que c’est au 3ème étage. Je monte et fais connaissance avec Jerry, Helen et Lewis, respectivement Australien, Anglaise et Écossais. Ils m’accueillent chez Virginie qu’ils ne connaissaient pas deux heures plus tôt. C’est le joyeux bordel, mais tout cela me semble très convivial. Je prends un franc plaisir à parler anglais avec mes colocataires de la soirée tandis que Lewis fait du piano et Jerry un thé. On prend nos douches à la suite.

Cette bande d’amis fait le tour de Bretagne et repart le lendemain pour l’Edimbourg via Saint Malo. Chacun essaie de parler français. Nous évoquons la soirée au pub et je suis bienvenue pour me joindre à eux. Arrive alors le copain de Virginie qui me dit que les « Anglais » doivent jouer au pub ! Je réalise alors que j’ai entendu jouer du piano et de la trompette depuis mon arrivée! Ils sont tous musiciens et chanteurs de folk ! Quelle veine ! Cette découverte renforce ma sympathie pour ces trois compagnons d’un soir.

Nous dinons rapidement en faisant connaissance et partons pour le port en musique. Jerry commençant à jouer de la guitare en marchant. Je suis ravie de rencontrer des personnes agréables et musiciens folk en plus ! Lewis joue du violon et du piano, Helen de la flûte écossaise et Jerry de la trompette en plus de la guitare.

Le lundi soir, c’est fest-noz au Tall Inn. Quand nous arrivons, les gens de tous âges, de tout gabarit, dansent, s’amusent. C’est un plaisir, une détente. Pas de mauvaise rencontre, pas de plan drague, pas de stress. Juste du bonheur. Je sens l’ambiance chaleureuse m’embrasser et m’extirper de la langueur où je suis depuis quelque temps. C’est ça, la vie. Tout à coup, je redécouvre le goût des choses simples, avec un concentré de ce que j’aime le mieux.

Une rencontre avec des musiciens folk, avec de jeunes voyageurs gais et légers ; l’occasion de parler anglais ; une soirée bretonne en pays breton ; une bonne bière dans un pub ; des gens autour de moi qui s’amusent simplement ; des Bretons bretonnants ; une complète adhésion au moment présent si agréable. Sans se soucier de risquer de me faire voler mes affaires, on n’est pas au café Oz à Paris ici, il n’y a pas de vestiaire, mais on n’en a pas besoin ! Un condensé de ce que la vie offre de meilleur et de plus agréable.

Et un enchainement de rencontres, ce soir-là. Le copain de Virginie que nous retrouvons au bar m’interpelle. Il a croisé une cycliste qui voyage avec sa remorque et fait le tour de Bretagne. Je fais rapidement connaissance avec Nathalie dans son imperméable jaune avec bicyclette et remorque et nous nous proposons de nous revoir le lendemain car elle doit partir chez son hébergeuse. Et puis, il y a Bastien, et Gwénolé et Rosie…

La soirée me réchauffe le cœur et l’esprit. On m’invite deux fois à danser et je suis ravie ! Puis, mes amis du jour ont l’occasion de jouer quelques morceaux. Quel incroyable hasard d’avoir rencontré ces trois acolytes ! C’est formidable, j’avais besoin de voir du monde, et je tombe sur du beau monde !

Nous finissons par chanter sur le trottoir, c’est le beuf. S’ajoute une flûte et un accordéon et l’on finit la soirée en beauté, chantant et dansant entre Français, Bretons, Écossais, Australien, Anglais, et Parisienne.

Nous décidons de rentrer à pied, car Helen m’a promis de me chanter des sea-chanty. Des chansons à répétition de marin. Et nous voilà dans les rues désertes de Brest, à chantonner à 1h du matin, Jerry à la gratte et mes amis inventant de nouveaux couplets à la chanson de Sally Brown. I love it !

Il est presque 2h lorsque nous arrivons chez Virginie qui nous accueille avec le sourire. Nous parlons ensemble encore. Rosie vient dormir aussi chez elle. Ce soir, il y aura cinq personnes hébergées à son domicile ! Nous continuons à parler musique, composition et poésie jusqu’à 4h. Je m’endors rassérénée par une telle soirée avec beaucoup de légèreté dans l’âme.

 

En filigrane, j’ai l’impression de renouer ce soir-là avec ce qui m’a portée pendant mes longs mois de voyage itinérant : les rencontres, les découvertes, la musique, l’imprévu, la convivialité, la chaleur humaine, la surprise, l’intensité, le romantisme.

 

Alors, je quitte mes amis avec ce pincement au cœur que j’ai connu si souvent sur ma route. Cette tristesse très tendre de l’amitié si vite nouée et si tôt disparue. Mais entre les deux, le temps d’une soirée, d’un dîner, d’un verre, la découverte d’un nouvel horizon par tout ce qu’ils m’ont apporté, offert. Je sens que ma route doit se terminer bientôt. Je suis presque au faîte de mon voyage : je suis arrivée au bout du bout de ma route, j’ai retrouvé mon émerveillement et la douceur de vivre mon voyage. Je savais que j’avais raison de le faire ce Tro Breizh, pour retomber sur mes pieds (ou mes roues peut-être), et pour boucler cette boucle que je ne cessais de vouloir boucler.

Une nouvelle page est en train de se tourner.

 

 

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10 juillet 2014 4 10 /07 /juillet /2014 21:17

Sur la route de St Brieuc à Paimpol, je rejoins la véloroute. Pentue, comme à son habitude, je lui pardonne et prends mes aises. J’irai à mon rythme mais j’irai. L’activité physique développe une forme de velléité proche de l’entêtement : « je serai plus forte que toi, pente ! Et malgré ma charge, je te surmonterai comme je pourrai surmonter toute épreuve qui se présentera à moi » Renforcement musculaire et renforcement de l’estime de soi, c’est bon pour le moral et le corps.

Après avoir commencé ma journée par la longue descente vers le port du Légué, je remonte, non sans effort sur l’autre rive. Il n’y a que peu de cyclistes. Je m’en étonne car nous sommes samedi, et j’imaginais la foule sportive bretonne sur la route de bon matin. Et ce n’est pas ce ciel gris qui les arrêterait !

Mon genou gauche fait des siennes mais je lui ordonne de fonctionner de manière digne et efficace. Cette sensation bizarre doit disparaitre. Elle ne disparait que de mon esprit mais continue à faire « crac-crac ».  Pourtant, je crois bien que mes ligaments ne sont pas en train de copuler et que malgré l’effort physique, ils vont tenir sans trop s’échauffer.

Au bout de quelques kilomètres, je tiens un bon rythme, j’ai de bonnes sensations et je me vois rouler facilement malgré un mal de tête qui me gène légèrement. Me voici à l’entrée de Binic, les petits marrants de la véloroute font faire des détours parfois étranges aux cyclorandonneurs, et je me tape la côté la plus pentue que j’aurais à grimper jusqu’à maintenant : court mais intense. J’ai l’impression que je vais repartir en arrière. Je ne peux pas passer le grand pignon de peur de coincer la chaîne mais je la monte, et sans poser un foutu pied par terre et avec mes 15 kilos de bagages qui m’entrainent vers l’arrière. Je vois le bout. Je suis presque fière de moi. J’y suis, je vais bientôt reposer mes fesses sur la selle.

Et là, en une seconde, tout s’écroule. Enfin, surtout Viktor et moi dessus ! On tombe tous les deux. Le temps que je réalise que je suis par terre, je vois le pauvre Viktor qui a cassé sa chaîne. Ce sont des choses qui arrivent mon pauvre ami. Parfois, il faut casser ses chaînes pour pouvoir repartir mieux armer sur les routes. Quelques égratignures sans importances pour moi, pas d’autres conséquences pour Viktor. Pourtant, je l’avais gagnée cette côte d’enfer. Je m’imaginais atteignant des sommets mythiques du tour de France.

Il me reste à souhaiter qu’il y ait une boutique de vélo dans la ville. Heureusement, je dois redescendre la route que je viens de monter et non l’inverse ! Cette foutue colline de bord de mer était tellement pentue que je suis obligée de freiner à fond dans la pente !  

Le magasin de vélo ferme à midi et il est 12H10 quand j’arrive. Pause déjeuner obligée au bord de la mer jusqu’à 14H. Je me sens soulagée d’avoir trouvé un lieu pour prendre soin de Viktor, mais je suis un peu navrée d’avoir cassé mon rythme en plus de ma chaîne.

Un groupe d’une vingtaine de bikers arrive en pétaradant à tout va sur le parking derrière moi. Escapade de fin de semaine. Impressionnants. J’adore ça ! Grosses bécanes, grands motards, blousons de cuir, bottes et casques. Et puis, ils ne roulent pas en 125 les cocos ! Ca claque ! J’aime beaucoup Viktor, mais je crois qu’il aurait droit d’être un peu jaloux. Je me vois bien « ne ressembler à personne » sur une Honda Transalp ou une Ducati 1200, cheveux au vent.

Mais en attendant, avec Viktor, on est fier de nous, parce que : on ne fait pas de bruit (à part le « crac » de mon genou et le « clic » de son pédalier), on ne pollue pas, on ne prend pas de place, on va partout, on fait tout par nous même à la force des muscles, et on prend notre temps. Et puis, on est en Bretagne, j’ai tout le temps les cheveux au vent !

Vient le moment d’aller faire réparer Viktor. Un type me parle sur le parking, il me dit de demander conseil aux boulistes, bien que je lui signale que je sais où est la boutique de vélo. Il me demande d’où je suis native, et n’insiste pas lorsque je lui dis que je suis de Paris. Je sens d’emblée que sa fausse gentillesse cache à peine une espèce de curiosité malsaine, je connais ce regard de l’homme qui scrute la femme asiatique comme un appât exotique. Je l’ai vu partout. Les boulistes m’indiquent bien entendu le magasin où je comptais me rendre. Tandis que nous parlons, le type du début s’approche et observe que j’ai la marque du bronzage de cycliste tout en profitant de son baratin pour me toucher la jambe. Insupportables hommes.

Je me tire avec Viktor. A quoi cela servirait de s’énerver ? J’ai d’autres préoccupations et nous avons encore de la route avec mon compère. Mais, ce type me dégoute, comme d’autres avant lui. Ici dans ma France, comme au bout de l’Afrique, une femme seule est forcément une source de désir ambigu et dégradant pour le statut de la femme. Après, on me demande si ce n’est pas dangereux de voyager seule. Ca ne l’a jamais été. Mais ça reste parfois pénible. Et le pire, c’est qu’il a fait ça devant tous ses amis boulistes qui en ont ri. Voilà comment on outrepasse le cercle privé d’une femme sans que cela choque. Donc, je crains plus pour ma personne en parlant avec un type bien habillé en Guy Cotten dans un port bourgeois que dans mon petit camping toute seule sur la côté des légendes, ou sur les petites routes de forêt.

Passons. Ce qui est sur la route reste sur la route. Ce qui reste dans mon souvenir, ce sont les belles rencontres et les paysages sublimes.

Au magasin de vélo, le technicien met une attache rapide et règle les vitesses. Monsieur Décathlon ne m’avait pas bien fini le travail ! Puis, il me conseille la côte après Plouha, qui parait-il est magnifique. Je repars sous le crachin et passe à Saint Quay avant de faire une pause Balisto à Plouha. Il fait humide, ce n’est pas motivant, surtout que je suis déjà fatiguée. Dans une salle du village, j’entends jouer de la musique bretonne. J’hésite à me rapprocher, et la météo l’emportant sur la curiosité, je pars sous l’averse. Par la côté, j’ai 20 km de plus. Ca tombe dru et je n’ai pas le courage du détour touristique et visuel. Je mets mes surchaussures pour ne pas avoir les pieds mouillés - merci ma tante. La casquette qui me protège du soleil lorsque celui-ci fait des apparitions, fait office de pare-pluie. Tandis que ma veste Gore Tex m’épate par son étanchéité malgré un tour du monde et plusieurs lavages. Malgré mon équipement, j’ai froid aux cuisses qui ne sont pas couvertes et qui prennent l’eau, mais je sais qu’elles sècheront rapidement, à la différence de mes chaussures qui, si elles prennent l’eau, resteront mouillées pendant deux jours.

C’est le moment où j’ai très envie de pisser et où il n’y a pas de toilettes publiques ! Bien entendu, il pleut. Si bien que les herbes hautes imbibes mon cuissard et je me retrouve avec le cul trempé ! Les conditions idéales pour faire du vélo agréablement. S’il semble qu’il ait fait tout le temps beau, c’est pour la simple raison que je sors moins souvent mon appareil lorsqu’il pleut !

A la fin de la pluie, je n’ai plus d’eau et il nous reste quelques bornes avant Paimpol.  Comme d’habitude, je cherche quelqu’un dans son jardin pour remplir ma gourde. Sauf qu’il vient de pleuvoir et les gens sont plutôt cloitrés chez eux. Je finis par tomber sur un couple sympathique qui me donne de l’eau en bouteille et qui m’indique un petit chemin de halage m’évitant de prendre la départementale.

Je demande précision sur la route en périphérie. Une première voiture passe. La conductrice me dévisage sans s’arrêter, il pleuviote. J’ai vraiment l’air terrible sur mon vélo avec mon casque ? Une vieille dame stoppe et m’indique la bonne direction. Je me trompe encore juste avant de trouver le chemin de halage au niveau de l’Abbaye de Beaumont. Je me retrouve à faire du VTT sur le GR puis fait demi-tour.

Un peu avant Paimpol, je vois un camping qui était sur ma liste. Une heure avant, je me suis promis de me payer un hôtel car j’ai eu trop froid sous l’averse et je veux du luxe ce soir. Mais le ciel s’est dégagé, j’ai commencé à sécher, alors j’installe mon pied à terre du soir au camping de Cruckin. Un anglais qui fait le tour de Bretagne en camping-car tient la jambe à la réceptionniste. Nous commençons à bavarder. Je prends un sacré plaisir à parler anglais.

La douche chaude régénératrice me fait un bien fou et ce soir, j’inaugure mon réchaud canette. Le système ingénieux du réchaud canette consiste à découper une canette en aluminium d’une certaine manière, de l’emboiter à une autre partie et d’y faire des trous autour, comme ceux d’une gazinière. Il faut utiliser ensuite de l’alcool et par un système de pression, les flammes vont sortir sur les côtés, permettant ainsi la cuisson. Un peu plus long que le réchaud à gaz classique mais efficace, je suis ravie de voir que mon bricolage porte ses fruits et que je me sers d’un outil que j’ai fabriqué moi-même. J’ai l’impression d’être un homme préhistorique découvrant le feu… Dîner pates à la soupe Knor avec fromage et saucisson, un simple facile.

 

Dimanche. Grosse fatigue, je fais la grasse matinée et traînasse dans mon super lit bien au chaud. Je prends la route à reculons, passe par Paimpol que j’ai du mal à reconnaitre, me prends une fougasse pour le déjeuner, n’en reviens pas du prix peu élevé des choses et m’arrête au bout d’une heure pour manger. Aujourd’hui, je n’irai pas loin ! Je roule vers Tréguier. Pendant que je pédale, une voiture me double en klaxonnant, le type me fait un petit signe de la main. Arrivée au port, un homme me demande si ce n’est pas trop dur en me disant que c’est lui qui m’a klaxonnée. C’est plutôt agréable d’avoir la sympathie des gens. En attendant aux toilettes, je rencontre un couple de belges qui visites la Bretagne en camping-car. Il y a un tournoi de boules de pétanques et je suis bien tentée de m’arrêter pour jouer. Moins inspirée, fatiguée sans doute, troublée pour sûr, je continue ma route. Je ne me sens pas en phase tout à fait avec des potentielles rencontres que je pourrais provoquer, alors je repars avec Viktor sans autre formalité.

Mais je n’ai aucune envie de rouler. Je m’arrête sans cesse et ne suis pas en phase avec mon voyage. J’ai la sensation que je ne devrais pas être là. Pauvre Viktor, dans quelle galère je l’ai emmené ! Mais le moral fait comme le temps breton, il change sans cesse au gré des pressions et dépressions.

Port Blanc. Mignon petit port, vent de face, soleil frais et nuages.

A Trévou, je rencontre une de ces petites côtes qui me rappellent que j’ai des muscles et que ça va bien de faire du vélo sans se fatiguer mais à un moment, il faut  faire du vrai vélo ! Alors, c’est parti, je décolle les fesses et pousse comme une galérienne (il y avait des femmes dans les galères ?). Bam ! Chaîne bloquée, Viktor cale. Je ne force pas, j’ai trop peur de casser la chaîne de nouveau. Je ne suis pas tombée mais je mets mon vélo sur le sol pour décoincer le mécanisme. Tout à coup, une ombre sur moi me propose de m’aider. Un jeune homme m’a vue de loin et a descendu la côte pour me donner un coup de main. Il monte mon vélo où nous rejoignons ses mère et grand-mère. Les femmes me proposent de laver mes mains pleines de cambouis et m’offrent de l’eau.

C’est drôle comme je le trouve beau, ce geste d’offrir de l’eau à un voyageur. Mais j’aime bien. D’ailleurs, je préfère demander l’eau aux gens que de le prendre dans les toilettes publiques ou les offices de tourisme.

18h : Perros Guirec. Pause avec une petite bière avant de décider de la suite. A cette heure-ci, le soleil est encore haut dans le ciel, comme s’il n’était que 16h. Je peux encore rouler deux heures avant de me poser. Sauf que je n’en ai pas envie. Alors je décide de trouver un lieu alentour.

J’appelle la propriétaire de l’aire naturelle de Kerangloff qui me dit que la côte est longue et qu’ils sont au point culminant de la ville à 90 mètres d’altitude! Avec les chiffres, j’ai toujours peur ! Mais finalement, je me retrouve sur une côte tout à fait moyenne pour mon quotidien de cyclorandonneuse bretonne.

Une aire naturelle correspond à un site de camping privé de petit gabarit. Cela me convient parfaitement pour ce soir-là, car les campings alentour n’ont que des tarifs « caravane-voiture-couple » à 15 euros, et je n’ai pas le droit au moitié prix en étant seule, avec un vélo et une tente, sans électricité…

 

Encore un matin. Fatiguée. Je dors longtemps mais pas forcément bien. Je fais des rêves étranges qui agitent mes nuits. Départ sans entrain à 10h sous le ciel gris avec la tente pliée mouillée.

A Tréburden, je me prends un croissant. Je suis descendue au port, puis remontée. Les côtes ne me font plus peur, je sais qu’elles finissent toujours par finir. Je les monte, c’est tout. A Lannion, je traverse un quartier un peu zone. Ici, les gens ne sont pas très accueillants. Il faut dire que je ne croise pas beaucoup de monde. Où sont les gens ? Où sont les « hello » égrainés au fil de la route ? Où sont les visages souriants qui embellissaient ma route ? Ca doit travailler ou regarder la télé. Nous sommes lundi, le lundi tout est fermé me dit le patron de la crêperie où je m’arrête. La ville est moche et morte. Pas de soleil, pas de boutique ouverte, pas de gens, pas de touristes. Des zonards. Je croise les belges de la veille qui me reconnaissent !

Ce soir, je dois arriver à Morlaix, où m’attend mon hébergeuse du site internet de cyclovoyageur. Nous avons pris rendez-vous la veille. Comme je veux voir la côte, je m’en vais au Yaudet, mais fait demi-tour car les détours seraient vraiment longs et il est tard. De temps en temps, je fais une pause écriture, ou alors je chante beaucoup. Réfléchir, c’est une autre histoire. Est-il vraiment possible de réfléchir à vélo ?

Un peu tard, je prends la départementale, traverse Saint Michel en Grèves et remonte vers Morlaix par la grosse route. Je veux tracer pour ne pas arriver trop tard chez mon hôte. Je traverse une belle averse de 30 minutes et file chez Lise qui m’accueille avec la douche chaude, un petit apéro et un bon diner de galettes de tapioca. Nous faisons connaissance en parlant de voyages et de vélo.

La vie est simple et me va bien.

Après le super petit-déjeuner, je quitte Lise chargée des fruits qu’elle me donne. Je descends en ville et fait connaissance avec le fameux pont de Morlaix. Si j’avais eu plus d’organisation, j’aurais pu me renseigner pour savoir où était enterrée mon arrière-arrière grand-mère. Mais j’aurais cette visite en pensée.

Suivre la véloroute, c’est toujours la perdre à un moment donné. Si bien que je fais un détour de 7 ou 8 km pour atteindre Plouénan qui est un bourg très développé. Je me surprends encore avec mes préjugés. Pourquoi ce petit point sur la carte dans la campagne bretonne devrait-il être désert ? Non, il semble très actif. N’empêche, je ne trouverai pas à manger ici, il est 13h et tout est fermé, c’est le ventre vide que je continue mon chemin vers Roscoff. Enfin, je me prends des frites et mange mon saucisson. Face à la mer, j’hésite à prendre le ferry pour Batz.

Finalement, je roule jusqu’à Plouescat, où encore, je me demande si je m’arrête pour ce soir où si je poursuis jusqu’à Goulven. Bien m’en prend de faire les 4km jusqu’au camping de Poulfoen qui sera jusqu’à maintenant le plus beau site de camping que j’ai eu le plaisir de découvrir. En y allant, je grogne un peu que les campings municipaux soient toujours installés loin de la ville, ce qui me fait renoncer d’embler à la bière qui me faisait envie. Mais la beauté de mon emplacement me fait vite oublier tout cela. En plus, ce sera le camping le moins cher de mon voyage.

<le site est très venteux, je plante toutes les sardines en espérant que ma tente va rester au sol ! Je ne me sens pas fatiguée. Sans doute mon corps s’est-il habitué au rythme et je trouve plus facile d’avancer. Aujourd’hui, j’ai l’impression de n’avoir pas eu beaucoup de dénivelé et aurais pu continuer encore à avancer.

Qu’importe, je suis là et je profite d’un coucher de soleil rien que pour moi.

Pour l’instant, je ne sais pas où la route me mène, mais j’essaie de profiter de la beauté de ce qui est sur ma route. Pas encore en phase avec mon voyage, j’attends que ça vienne. Il faut du temps pour tout. Pour prendre le rythme à vélo, comme pour trouver son chemin. Si possible le bon chemin. Je le sais et pourtant, comme on est impatient lorsque le doute s’installe en soi.

 

Superbe réveil face aux flots. Tous les matins devraient ressembler à ça.

En anglais, on me disait : « very strong », en français, c’est courageux. Bien, je vais devoir accepter que beaucoup de gens pensent ainsi. Je ne me sens ni « very strong », ni courageuse, mais libre.

Aujourd’hui, je roule tranquille mais bien. A l’office de tourisme de Guisseny, le monsieur me conseille de passer par Kunic car la vue est superbe. Seulement, après me dit-il, ça va être dur. La côte est à 9% pour atteindre 87mètres d’altitude. Il me fait presque peur. Je n’y connais rien aux chiffres. J’en ai vu des côtes depuis une semaine, mais 9%, c’est quoi ? Je vais rouler en arrière ? La roue avant va se lever ? En fait, rien de méchant, un coupe de petit plateau et Viktor monte ça comme le reste, ni pire ni mieux ! Ah, donc ce n’est que ça 9% ! 1,3 km de côte qui grimpe! La Bretagne quoi !

Ce soir, j’entre dans la région des Abers et dors  à côté de l’Aber Wrac’h, à la presqu’île Sainte Marguerite.

Le camping est sympa, mais je ne resterai pas une nuit de plus, j’ai encore la bougeotte. D’ailleurs, il faut payer 1 euro pour avoir une douche chaude, ce que j’ai refusé ! J’ai donc pris une douche vivifiante à mon arrivée et le lendemain après le bain de mer ! Je rencontre des gallois venus faire un bout de Bretagne à vélo. Le lendemain, il n’y aura bien qu’eux et moi pour aller se baigner dans l’eau froide de Ste Marguerite !

Un beau site donc, et un beau coucher de soleil.

Le soir, j’ai mal à ma cicatrice encore. Le ciel est dégagé, le cri de goélands toujours au loin et des vagues sur la plage. Les appels nocturnes des nombreuses bébêtes. La lune rousse est au bout du chemin. Elle avait disparu hier, mais recommence à grossir. Elle me sourit. Je marche sans lumière, dans la pénombre en levant la tête vers le ciel étoilé pour me guider. Ca sent le feu, ça sent le grand air. Je suis bien, je suis dans mon élément.

 

 

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7 juillet 2014 1 07 /07 /juillet /2014 11:32

Toujours un mélange de strict nécessaire et d’un superflu dont j’aurais du mal à me passer. Bien entendu, j’emporte mon logement, c'est-à-dire tente, matelas, duvet, pyjama.

Ma cantine se compose d’un réchaud classique à gaz de 600 grammes et d’un système alternatif ingénieux découvert sur internet pratiqué par les MUL (Marcheurs ultra légers). Il s’agit d’un réchaud fabriqué à partir d’une cannette en aluminium et découpée de façon à pouvoir servir de réchaud à alcool. 15 grammes plus l’alcool. Je l’emporte pour le tester en camping en conditions réelles de vent et de froid, et évaluer la quantité dont j’aurais besoin pour faire chauffer mes pates et ma soupe. Je suis épatée que ça marche et j’aime bien mon joujou, même si toutes les précautions d’usage de ce type de matériel doivent être bien entendues respectées.

Une popote : casserole, tasse (dont je ne me sers pas), couvert, couteau. J’ai hésité entre le couteau suisse pour les ciseaux et le tire-bouchon, et finalement, j’ai opté pour l’opinel plus résistant et prendre des mini ciseaux. L’imprévu, c’est que l’opinel ne veut plus s’ouvrir, il a dû mal vieillir… Pour le petit déjeuner, j’ai pris des céréales avec du lait en poudre à reconstituer. Le matin, j’ajoute un peu d’eau dans la mixture, et j’ai le muesli au lait. Je me passe volontiers du thé ou du café matinal, du moment que mon estomac est rempli de quelque chose de consistant. Et pour boire, je ne prends que ma gourde thaï. J’ajouterai en route une petite bouteille d’eau de 33cl qui me permet de remplir la gourde lorsque les lavabos des toilettes publiques sont trop petits pour faire tenir le grand bidon.

En ce qui concerne mon habillement, c’est toujours un casse-tête pour évaluer si j’en prends trop ou pas assez. Aujourd’hui, je dirai que j’aurai dû prendre un pantalon digne de ce nom pour ne pas avoir froid aux pattes. Autrement, Casquette rose, bonnet rose, lunettes de soleil roses pour la tête. 2 Tshirt roses et un jaune, une brassière de sport rose. Un cuissard, des baskets roses et des chaussettes roses. Le rose s’est imposé tout seul alors j’ai fini par acheter les gants roses pour faire assorti. Et puis, comme en ce moment, je ne vois pas vraiment la vie en rose, ça m’en donne au moins l’illusion ! Malheureusement, le rose est déjà tout noirâtre avec tout le cambouis que j’ai mis dessus ! Pour le change, j’ai un Tshir à manche longue et un pantacourt. C’est là où j’aurais dû prévoir plus bretonnant comme protection… Heureusement, pour rouler les pieds au sec, j’ai  des surchaussures top qui me protègent des averses. Parce qu’il faut être honnête, j’ai eu de la pluie un peu tous les jours, excepté 2 jours.

Pour le chaud et sec, ma doudoune sans manche en plume de canard, ma grosse polaire rose de Haute-Savoie et ma veste Gore-Tex qui a résisté au tour du monde me sont de fidèles alliées contre les soirées fraiches et humides et les intempéries.

Mes incomparables sandales de Concarneau : résistantes à tout, confortables, un peu lourdes car en cuir, mais parfaites pour pédaler en cas de canicule (je sais, ça n’arrivera pas, je faire juste le tour de Bretagne), pour marcher lors d’une balade en forêt, pour aller dans l’eau de mer, pour entrer dans la douche ou juste pour avoir les orteils à l’air frais (parfois très frais) après une journée dans les baskets.

Coté toilette, j’ai choisi le paréo géant qui fera office de serviette de bain à séchage rapide, robe éventuelle de plage, et tout autre usage pouvant convenir à un bout de tissus grand, sombre et absorbant. Brosse à dent, dentifrice, savon. Je me suis lavé les cheveux avec le savon, je n’adore pas, mais ça décrasse un peu quand même. La crème solaire : si, j’ai bronzé, je vous promets ! La crème solaire me sert de crème de jour et le dexeril, en cas de coup de soleil, de crème de nuit !

Pour manger, je suis partie avec des pates cuisson rapide, de la soupe, du saucisson, du fromage et des barres de céréales. Tout s’achète en route, je ne suis pas ici au fin fond de la jungle. Mais quand même, à chaque fois que je veux m’arrêter pour manger, il est 13h et toutes les boulangeries ou épiceries sont fermées… C’est un rythme à prendre. Je commence à anticiper  et à acheter mon repas à 11h pour 14h.

Pour ce qui est du superficiel : le téléphone portable, que j’ai hésité à prendre et qui me sert un peu trop. L’ordinateur, qui me permet de vous écrire aujourd’hui. L’appareil photo, qui me donne l’excuse de faire des pauses « prises de vue ». Mon inséparable carnet de notes et mon stylo. Carte routière et boussole me sont utiles mais pas vraiment indispensables dans un pays où les indications sont plutôt bien faites et par défaut, lorsqu’il n’y a pas de panneau, il faut aller tout droit. Cette méthode déductive ne fonctionnant pas à tous les coups, notamment parce qu’il n’y a parfois pas de route tout droit, je reconnais qu’il m’est arrivé de me servir de la boussole pour savoir si j’allais à droite ou à gauche.

Le reste n’est que babioles administrative ou pécuniaire : le passeport, la CB, la carte verte, la carte de groupe sanguin et personne à prévenir, la carte de l’assurance et les espèces.

Bien entendu, il y a Viktor : Viktor le VTT de Gosport. Un basique, mais je voulais faire simple. Simple à manipuler, simple à pratiquer, simple à réparer. Un peu lourd le Viktor, mais je n’ai pas peur d’user de la force s’il le faut, alors je l’ai embarqué pour ma nouvelle aventure. Petite faiblesse pour le passage des vitesses, notamment des grands pignons. Donc, le minimum aussi pour lui : chambre à air, kit de réparation, pompe, multitool et clé 15. Evidemment, je n’ai pour le moment pas eu à m’en servir, et quand la chaîne s’est cassée, je n’ai eu d’autre choix que d’aller dans un magasin pour la faire réparer.

Dans ma pochette bricolage, on trouve corde, pince à linge, bougie, briquet, fil et aiguille, petits ciseaux, pince à épiler (et à tire-tique, in case), frontale et piles de rechange.

 

Pour s’alléger : ne prendre aucun matériel électronique ! Dormir en hôtel (pas besoin de tente ou de duvet) et manger au restaurant (adieu réchaud et gamelle). Et se prendre un vélo high tech genre 8kg la peau sur les os.

 

 

En conclusion, je me trouve plutôt bien équipée, sans trop d’affaires inutiles puisque je me sers régulièrement de tous mon matériel.

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4 juillet 2014 5 04 /07 /juillet /2014 23:42

Les conditions de camping ne sont pas exactement idéales pour ce qui est de la rédaction d'articles dignes de ce nom.

Alors je vous raconte en images le début de mon tour de Bretagne à vélo.

 

https://www.youtube.com/watch?v=mS2sN9N3V5w&feature=youtu.be

 

http://youtu.be/mS2sN9N3V5w

 

RECTIFICATIF: en fait, il s'agit du pays PAGAN, en Bretagne. Et la ville de BAGAN, elle , se trouve en Birmanie.

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21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 10:40

DSCF4300.JPGAoût 2012

Faire le Tour du Mont Blanc.


Ce n'était ni un rêve , ni un challenge. Une grosse envie de nature, d'espace, d'effort physique.

Oui, cette année, pas de mer et de longues heures sur la plage à remplir les magasines pour filles!

Sans connaissance de la montagne, je me suis inscrite auprès d'un guide "Alpes Atlas trekking".

J'ai passé plus d'un mois à préparer mon sac, le bon matériel, retirer le superflu,trouver des astuces.

Mais j'ai oublié le numéro de téléphone du guide, Robert, le jour de mon départ! Vive le portable!

 

Cette année, je suis partie la fleur au fusil, je n'avais pas pris le billet de train jusqu'en Italie...

TGV: Paris- Saint germain du Fayet

Train train: St germain - Chamonix

Bus: Chamonix - Courmayeur (Italie)


Avec pause déjeuner à Chamonix, j'ignorais alors qu'on y passerait à pied!

Et achat des guêtres, qui ne m'ont pas servie!

 

DSCF4328.JPG

Difficulté:

 

Ne pas croire que c'est facile! 

Il faut s'habituer à l'altitude. Le corps met au moins 3 ou 4 jours avant de s'habituer à la diminution de la pression atmosphérique. L'oxygène entre moins dans les poumons.

Et pour un simple effort, par exemple de faire 800 mètres d'ascension le premier jour de marche, vous aves l'impression des votre coeur va éclater et que vous allez faire une asphyxie spontanée.

Vous pouvez être aussi sportif que vous voulez, c'est physiologique, c'est dur les premiers jours.

Bien sûr entre Anne-Laure, qui vit en montagne , fait de la course et a 26 ans, c'est quand même plus faicle que pour Laurance, 45 ans, citadine sans entraînement.

 

Mais, ce n'est pas si dur: je l'ai fait! AHAHAHAHAH!!

 

DSCF4555.JPG

 

Paysage:

Trop beau! J'adore! 

Je ne sais pas si c'est l'air de la montagne, mais j'ai l'impression que ça m'a donné un coup de fouet énorme!

Genre un peu shootée!

Sarah qui carbure toute la journée!

Et qui en redemande!

Rencontres:

Un groupe hétéroclite comme j'aime!

 

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  • Les français: Alain, le marseillais de Montpellier, un homme très agréable aux conversations très enrichissantes et divertissantes. Laurence, l'assistante sociale de Chambery, dont c'était la première randonnée. Pascale, la collectionneuse en herbe d'Argentueil; elle a au moins rapporter 3kg de branche, cailloux et pomme de pin! Valérie et Hubert, le jeune couple du Nord: tous les deux très sympathiques, ils m'ont semblé des gens vraiment gentils. Et Anne-Laure et Ludwin (ou Lulu), des francs-comtois avec qui j'ai partagé le bivouac; détendus et cool, parfaits pour le bivouac!
  • Les Israëliens: Oren et Ori, de Tel Aviv. Deux cousins venus faire une expérience en France de randonnée en montagne. Oren, très méditerranéen dans l'âme, ouvert et jovial, aimant toute conversation et toujours souriant et disposé à rire. (Faut dire, c'est les vacances!). Ori, son cousin, l'a suivi dans l'aventure. Plus discret mais au fur et à mesure des jours , il s'est lui aussi rapproché du reste du groupe. Donc, évidemment, j'ai eu le plaisir de parler anglais avec eux.
  • Les catalans: il se trouve que le guide travaille avec une agence catalane. 5 marcheurs catalans! Josep et Anna, le couple de Barcelona. Heureusement, ils parlaient français tous les 2. Vraiment très agréables, nous avons parler de longues heures en marchant. Nous avons aussi pris des pots ensemble! Francesc, de Barcelone aussi, un instituteur pour les petits. Il parlait assez mal et le français et l'anglais. Mais entre les 2 nous arrivions à bien communiquer.

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Francesc m'a donné un cours de tango au refuge... C'est génial la rando! On prend des cours de danse, de langue, de culture! 

  • Et puis, Carlos, qui parle français, donc, c'était très facile. C'était le lièvre du groupe, toujours devant et sans baton s'il vous plait! Mais bon, il va en montagne dans les pré Pyrénées tous les weekends! une balade pour lui! Et Miquel, le professeur d'histoire de Vic. On a parlé anglais, car il a dit qu'il ne comprenait pas le français! Bizarrement, après quelques jours, je comprenais pas mal le catalan! Faut dire que ca ressemble beaucoup au français!

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Monseigneur, le mulet

 

J'ai aimé:

- rencontrer des gens: plein d'échanges culturels!

- marcher: j'ai encore été inspiré... Quand la route devient répétitive, une musique me venait en tête et ne me lachait plus. Jusqu'à la grosse fatigue où on finit par avancer la tête vide. Mais c'est bon!

- être au grand air! Oui, oui. Certes, il a fait beau, ce qui a favorisé une bonne dynamique. Mais j'adore dormir sous la tente! et sortir la nuit faire pipi dans la montagne! et oui, j'aime être réveillée par la lumière sur la tente à 6H du matin! 

 

J'ai moins aimé:

Rentrer à la maison!

 

 

100_2513.JPG

Le Mont Blanc

 

Bilan:

J'ai très envie de repartir. Finir le tour ...

Tout est possible!

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28 juillet 2012 6 28 /07 /juillet /2012 20:18

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Entre Montjean et les Ponts de Cé:

Basse Ile,

ou comment tourner en rond sur une île pendant 2h...

 

 

Parcours:

Départ de Nantes

Arrivée à Tours

Chemin balisé tout au long du parcours " Loire à vélo": très pratique car à chaque village, il existe au moins un lieu de relais pour cycliste. En général, il permet de manger , boire, et loger sur le parcours et de déposer son vélo en lieu sûr pour une nuit. Tous les 10 ou 15km, on peut s'arrêter pour une visite, un site particulier, un pique nique.

 

Vélo:

Nous avons loué les vélo chez détours de Loire:

 vraiment pratique, nous avons pris les vélos dans le centre de Nantes, à 10 minutes à pied de la gare. Et Nous les avons déposés à Tours à côté de la gare.

Les vélos (VTC) étaient très bien entretenus et de bonnes qualité, bien que j'ai choisi la gamme basique et non le modèle haut de gamme.

J'ai pris en location: casque et sacoches. Le kit de crevaison est fourni ainsi qu'un gilet fluro. Sur la photo, c'est le mien!

 

Hébergement:

A l'origine, camping, finalement, hôtels logis de France... Qui peut le plus , peut le moins!

Un nuit sous tente quand même!

Charmantes étapes: Champtoceau, Montjean sur Loire, Les ponts de Cé, Saumur, Villandry.

 

DSCF3996

 

Découverte gastronomique: La Fouée: crepe fourrée de beurre, chocolat ou caramel... hummm

Dégustations de vins de saumur et de vin angevins.

 

Culture: plusieurs festivals d'été sur notre route! sympa Manu Dibango aux Ponts de Cé! Concert depuis la tente!

Visite du chateau de Saumur: A ne pas faire, aucun intérêt pour 9 euros: la vue alentour serait la seule attraction. Chateau en ruine en cours de rénovation. Intérieur délabré remplies de quelques porcelaines... Bref, préférez les châteaux flamboyants tout proche. En revanche, charmante promenade en bateau sur la loire, avec dégustation de Saumur en prime!

 

En moyenne 40 ou 50km par jour sur du plat (allez, du faux plat montant! mais qui monte tout le temps puisqu'on remonte la Loire au lieu de la descendre!)

 

Au final: c'est chouette le vélo:

- quand ca monte pas trop ou que ca descend pas trop

- quand il n'y a pas 3 motos qui me collent au cul sur la voie cyclable

- quand il ne pleut pas averse pendant 1h

- quand on peut faire une pause coca horaire!

 

Vive le vélo!

 

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Pause romantique au jardin de Villandry

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